La chronique de Denis Pittet
JO d’hiver : la neige fond au soleil …

Dans 85 jours exactement s’ouvriront les 25e Jeux olympiques d’hiver de Milan Cortina. Après… Cortina en 1956 et Turin en 2006, ce seront donc les troisièmes JO d’hiver à se dérouler en Italie. Pour le CIO, ces Jeux constituent un défi qui permettra – ou non – de vérifier et peut-être de valider les grands principes de l’Agenda 2020 adopté à Monaco fin 2014 : durabilité des Jeux et processus de candidatures flexibilisés visant à limiter les coûts. En juin 2018, le projet de Sion 2026 était enterré par 54 % des votants valaisans. Il est piquant de remarquer qu’en 1999, c’est le CIO qui claquait la porte au nez de Sion 2006, remplacé très vite par Turin. En 2026, ce sont encore les Italiens qui « remplacent » Sion et ce au moment où la Suisse prépare cette fois une candidature nationale pour 2038. Les Français – auréolés du succès de Paris 2024 – vont organiser des JO d’hiver en 2030 sur un modèle encore élargi au niveau du territoire par rapport aux JO de Milan Cortina puisque s’étendant sur deux régions (Auvergne-Rhône Alpes et Provence Alpes Côte d’Azur). Peut-être faut-il y voir une certaine cohérence sinon de l’entêtement. On prend un peu les mêmes pour recommencer et on agrandit effectivement le territoire : si 2038 passe la rampe, on vivra alors pour la première fois des JO à l’échelle de tout un pays. Ce n’est pas encore gagné.
Le réchauffement climatique et l’image des éléphants blancs dont plus personne ne veut obligent le CIO à s’adapter et à modifier le modèle qui a régi les JO depuis plus de 100 ans. Ceci est particulièrement vrai pour les JO d’hiver : statistiquement, dans le demi-siècle à venir, les villes voire les régions potentiellement capables d’accueillir ces Jeux vont se réduire comme… neige au soleil. En disséminant les sites, le CIO augmente les chances de trouver des lieux idoines tout en mettant habilement en avant le fait que des sites éclatés permet aussi de les choisir pour des infrastructures existantes et donc d’éviter de construire de futures ruines…
Ce fonctionnement a tout pour plaire en théorie. Dernier soubresaut d’une époque révolue ? Il a fallu raser une forêt et construire une piste de bob à 120 millions d’euros à Cortina alors que celle de Turin 2006 est abandonnée depuis 2012. Mais le plus difficile est ailleurs. Les choix des sites sont des choix pratiques mais ils se heurtent aux choix politiques. Aucune surprise à venir pour personne mais le plus grand défi de 2038 sera, en Suisse, politique.


