La chronique de Denis Pittet
Slows

Bon. Cette chronique devrait être interdite aux moins de 60 ans. Car il va être question des slows. Des slows et de la musique. Et du reste alouette.
Difficile d’affirmer quand l’époque des « grands » slows est arrivée. Je dirai fin des années 60. Certaines sources parlent de 1917 avec l’arrivée des troupes américaines en Europe. La communauté noire-américaine pratiquait le slow-drag avant encore, qui est une forme de ragtime mais plus lente. Tout le monde s’accordera pour dire que le slow a connu ses grandes heures de gloire des années 1960 aux années 1990, notamment dans les surprises-parties, les boums, les bals et les soirées dansantes. Puis vint l’heure du déclin, le slow étant relégué par des rythmes plus endiablés, à commencer par le jerk, « danse de société qui se danse sans contrainte, en bougeant les hanches, les bras et les jambes ». Celui qui a pondu cette définition n’a pas pris grand risque. Aujourd’hui et après un mini-sondage, on doit considérer – hélas – que le slow a disparu, à l’exception de quelques
soirées de mariage ou fêtes privées.
Bon. On n’est pas là pour pleurer un disparu, on est là pour chanter les louanges d’un genre exemplaire qui a donné naissance à d’extraordinaires chansons dont certaines me font encore pleurer et vous aussi j’espère. Des noms ? C’est pour la fin de ce texte. Parce que les slows, en dehors des émois adolescents que je ne peux pas évoquer ici (non, vraiment pas), sont liés à des souvenirs et des ambiances forts. Très forts. Je nous revois avec mes amis de toujours organiser notre première « boum » en 1971 dans un local près du terrain de foot d’Epalinges. Sans doute mon premier slow. D’autres suivront. Je me souviens aussi de l’image des locaux où les chaises étaient disposées le long de tous les murs. Courageusement assis, filles et garçons s’observaient discrètement – en fait pas du tout – en attendant la seconde magique de la première note du premier slow pour oser aller inviter la fille de ses rêves en espérant ne pas se prendre un râteau. Râteau que le reste de la salle appréciait à sa juste valeur. Ah, il s’en est fait et défait des couples dans les boums, puis ailleurs dans les clubs, discothèques ou campings de l’été. Qu’ils étaient beaux ces étés avec leurs tubes, comme « L’été indien » sorti il y exactement 50 ans, le 6 juin 1975.
Maintenant, je vous demande de fermer vos yeux et de chanter dans votre tête la mélodie que vous avez retenue des slows suivants. L’accord magique qui déclenche votre émotion. Et surtout avec qui vous l’avez partagée. « Riders on the Storm », « Imagine », « Still Lovin’ You », « Angie », « Le Sud », « Sister Jane », « Say It Ain’t So, Joe », « Without You », « Lady in Red », « Pour le Plaisir », « All Night Long », « Forever Young », « Sympathy », « Et tu danses avec lui », « Say You, Say me », « Wonderful Life », « Creep », « Many Rivers to Cross », « Hotel California », « Le Premiers pas », « I’m not in Love », « Forever Young », « Streets of Philadelphia », « Hello », « True Colors », « Don’t give Up », « Calling You », « If you Leave Me now » et « She’s Always a Woman ».
Dommage que le papier ne puisse chanter maintenant.