La chronique de Bacchus
Dionysos ou Bacchus ?
Bacchus | De la Grèce antique, on se rappelle les divinités comme Zeus, Arès, Aphrodite, Eros ou Apollon, les philosophes Platon, Aristote et Socrate, les mathématiciens Archimède et Phytagore, mais mal de Dionysos. Pourtant j’étais une divinité olympienne et majeure. De nombreux temples autour du bassin méditerranéen ont été érigés à ma gloire, qui voisinent avec ceux des plus grands dieux. Je devins même un dieu civilisateur, père de la comédie et de la tragédie. Les musiques dionysiaques utilisaient percussions et flûtes, nos cliques actuelles. L’empire romain en gommant la civilisation étrusque a importé les divinités grecques en les renommant. De Dionysos, je devins Bacchus. C’est sous ce nom profané que furent baptisés des fondues, des caveaux ou des centres de dégustation. Mais ce qui me gêne aujourd’hui – eh oui! j’ai survécu – c’est cette manie de vouloir gommer: Noël en fête commerciale, certains mots, notre tradition pour ne pas heurter d’autres sensibilités… Pourtant, les statues à mon effigie ou à ma représentation sur des amphores peuplent les musées. Le British Museum n’en est pas avare. L’espoir subsiste donc! Alléluia! Voyez mes vêtements, une peau de bouc, symbole de fécondité et de puissance, ou de panthère. Ils n’auraient pas coûté un drachme à la noble Confrérie. Et j’en aurais vendu des billets, ceux qui manquent encore dans les comptes de la Confrérie qui se désole du verre à moitié vide. Et la belle Cérès sur son char, et le Jardin d’Orphée si beau en bleu, et ces décolletés vertigineux sur les poitrines avenantes des chanteuses du Choeur rouge, et ces Vieux et ces Vieilles tournant gracieusement dans leur somptueux costumes. Comme ces Guerriers luttant avec panache contre la grêle, ils en ont fait vendre, des billets, en 1999! En 1895, pour commémorer l’ouverture du canal du Nord, Neptune reliait sur une pièce la Mer du Nord à la Baltique. Sur une autre médaille, frappée en 1907, ce même Neptune symbolisait la domination de la compagnie transatlantique de commerce maritime de la German Lloyd Company à Brême. En ces temps-là, on osait!
La Fête à présent
La Ville gérait tout en 1999. Ce ne sera plus le cas. Frais de sécurité et voirie seront à la charge de la Confrérie. Mais… une petite commune de la Côte a inscrit à son budget 2019 une somme de Fr. 60’000.-. Elle couvrira le prix des places pour ses habitants. La classe, non? On est loin du groupe socialiste de Vevey qui demandait à la Confrérie une place dans l’arène pour chaque Veveysan et à la date qu’il aura choisie alors que la Ville facture à hauteur de millions ses prestations. J’ai aussi entendu que tous les cantons suisses ont confirmé leur participation. Chacun d’eux enverra à Vevey une ambassade populaire, festive, culturelle et… viticole liée à son terroir et à ses traditions. Gageons qu’un Bacchus alémanique vêtu de sa chemise de paysan paradera sur la place ou sur les quais, une main fière tenant son verre, alors que la petite Julie (un prénom dû au hasard?) n’aurait pas encore été trouvée, elle qui accompagnera son grand-père tout au long des tableaux de la prochaine Fête. Plus de 5000 figurants ont été répertoriés, c’est-à-dire ceux dont les mesures ont été prises. Depuis, c’était un peu silence radio. Et puis soudain, les décibels! De Pully à Bex, les acteurs ont reçu le plan des répétitions, la plupart pour février – mars, mais à double, à triple, ou pas du tout. Par contre, les effets seront au rendez-vous: un immense plancher fait de lampes LED. C’est du grand art, alors qu’il paraît que ces costumes italiens dont on nous a prédit la beauté ne seraient pas si formidables que ça… Et que trouve-t-on dans la publicité faite par la Confrérie? des vêtements, des bijoux, des billets aux autres spectacles de Daniele (quand même!), des foulards, des cloches. Heureusement, il y a quand même du vin!