La chronique de Bacchus – Parler est aisé. Ecouter est un art difficile
Fête des vignerons 2019
Bacchus. |. Le nez dans le verre (à déguster bien évidemment), j’ai plutôt tendance à tendre l’oreille. Mais je ne fais pas exprès. Ma tête penche du bon côté. Et voici ce qui se dit dans les caves d’où les secrets ne devraient jamais remonter. C’est au sujet des costumes. Chaque figurant a mis de sa poche une avance de Fr. 400.- pour son costume valant quatre fois davantage. Or, il s’avère que beaucoup d’entre eux ne vaudraient pas la moitié de l’acompte. Et les chaussures ne seraient pas appropriées aux longs cortèges ou à une présence soutenue sur scène. Des dames aux jupes longues se cherchent déjà des chaussures de remplacement. Tel figurant a refusé son costume, le jugeant inadapté. On lui en a trouvé un autre, avec gilet coloré et grappe de raisins en guise de cravate. C’est mieux! Quant aux étourneaux, telle dame regrette qu’ils ne soient finalement pas compris des touristes et peu à la hauteur de l’événement. Certaines troupes n’ont pas encore vu la couleur de leur costume. Celui des Cent Suisses est remarquable, mais ils n’ont pas répété à ce jour. Il est vrai que leur allure martiale ne plaît pas au concepteur du spectacle. Goûtant (pas le vin) au soleil dominical, je me suis promené sur l’esplanade des arènes et me suis arrêté pour déguster un verre de Chablais puis de Lavaux. La beauté du site et l’intelligence de la conception du site m’ont soufflé, mais j’ai été agacé par la musique jouée trop fort. Une musique de basses accompagnant une voix métallique pour ados attardés. Rien à voir avec l’âme ou l’esprit de la Fête. C’est vrai, j’ai attendu mon verre un moment, le serveur ne maîtrisant ni sa tablette ni le numéro de ma table. Est-ce si difficile de faire simple? Et puis, je me suis trouvé, je ne sais plus comment, au centre des arènes, entouré de 20’000 sièges, sur le plateau LED. 3200 panneaux couvrent une surface de 783 m2, la plus grande au monde à ce jour. J’ai goûté à l’ivresse (pas celle du vin) que peut ressentir l’artiste. Et j’en suis sorti titubant. Un tel effort, une telle prestation, une telle quantité de ressources, de réunions de talents pour 4 semaines de représentations donnent le vertige. Tout finira, on démontera l’arène élément après élément. Chacun d’eux sera recyclé. La place retrouvera ses voitures et son marché. Resteront les costumes. Alors, ne faudrait-il pas qu’ils soient magnifiques?