Inquiétudes autour de la chasse
Thomas Cramatte | Ah l’automne, cette belle saison où la nature se charge d’ocre, où les journées raccourcissent pour laisser place aux longues nuits d’hiver. Propice aux balades dans une nature qui s’endort, l’automne est également synonyme de spécialités culinaires en tout genre. Entre champignons et gibier, nos assiettes prennent de fières allures avant les raves et autres légumes d’hiver. En ces mois d’octobre-novembre, nombreuses discussions relatent de l’inquiétude autour de la chasse. Pratique ancestrale bien accueillie pour les uns, dangereuse pour les autres, nous avons voulu éclairer nos lecteurs sur la chasse d’aujourd’hui.
Quand et comment

Du 1er septembre à fin janvier, les chasseurs peuvent exercer leur loisir selon une directive bien précise, pour autant que le chasseur soit en possession d’un permis valable. A noter qu’à titre exceptionnel, depuis deux ans, la chasse du sanglier à l’affût est autorisée (hors forêt et sans chien) en été. Renouvelable d’année en année, ce dernier est délivré par le Département du territoire et de l’environnement. Cette année, environ 30 nouveaux permis de chasse ont été attribués et près de 700 autres ont été renouvelés. La directive cantonale sur la chasse a pour but d’établir les plans de tir cantonal qui prend en compte les résultats des comptages de faune et des dommages occasionnés aux cultures et aux forêts. Chacune d’entre elles est contrôlée par un garde-faune et une dizaine d’auxiliaires. Une carte détaillée des secteurs et des réserves de faune que compte le canton est disponible à la préfecture ou sur le site de l’Etat de Vaud.
Sécurité avant tout
Le permis de chasse général s’obtient après avoir effectué une formation sur un an au minimum. Les règles de sécurité, de manipulation des armes et la reconnaissance des autres usagers de la forêt sont les premiers éléments enseignés dans cette formation de base. Par la suite, le chasseur peut élargir son permis de chasse à différentes espèces. L’obtention de certains permis se fait par liste d’attente. Par exemple, seuls quelques chasseurs pourront obtenir l’autorisation de chasser le chamois dans le Jura ou le bouquetin afin de préserver l’espèce en question. «On ne chasse pas n’importe comment dans le canton, selon les espèces, les zones, les jours et les heures, tout est réglementé», explique Stéphane Mettraux, garde-faune en charge de la circonscription Lavaux-Oron-Vevey. La chasse est autorisée les lundi, mardi, jeudi et vendredi pour tous les permis en respectant l’horaire suivant: Septembre de 6h30 à 20h30 – Octobre de 7h00 à 19h00 – Novembre de 7h00 à 19h00 – Décembre de 7h30 à 18h30 – Janvier de 7h30 à 18h30. Compte tenu de l’importance des effectifs de sanglier et des dégâts qu’ils occasionnent aux cultures et aux prairies, les chasseurs sont autorisés à chasser cette espèce à l’affût également le samedi (et en battue de novembre à janvier).
A proximité des habitations
Une distance limite de 200 mètres par rapport à tout lieu d’habitation occupée doit être respectée. Dans ce périmètre, toute action de chasse y est interdite. Par action de chasse, on entend la traque d’un animal, son dérangement, l’affût d’une espèce, battue, l’observation, etc. Cependant, aucune distance de sécurité ne concerne les routes et les voies ferrées. Un groupe de chasseurs peut très bien être en action de chasse en bordure d’une route pour autant qu’ils ne tirent pas au-dessus de celle-ci.
Le rôle du garde-faune
Surveillant des animaux, son rôle principal est de préserver et gérer la faune et faire appliquer la législation en vigueur. C’est lui qui intervient en cas de conflit entre activités humaines et faune sauvage. Le garde-faune est souvent amené à apporter des conseils à l’égard des paysans et maraîchers afin d’apporter une solution aux éventuels dégâts occasionnés par la faune. Véritable interlocuteur pour la région, le garde-faune est employé par la DGE (Direction générale de l’environnement). « La chasse n’est qu’une infime partie de mon métier, à peine 15 pour cent de mon temps est consacré à celle-ci », nous informe Sébastien Mettraux. Les chasseurs sont dans l’obligation d’avertir le garde-faune en cas d’erreurs. S’il y a un loupé, c’est là qu’intervient «Newton», le chien dit «de rouge» de Stéphane, dressé à retrouver les bêtes blessées grâce à l’odeur du sang. Cependant, le Braque hongrois entre en jeu plus régulièrement suite à des collisions avec le trafic routier que lors de ratés de chasse, nous explique le protecteur de la faune.
Braconnage
Le canton de Vaud n’est pas épargné par les cas de braconnage. Même si ceux-ci sont rares, il faut bien identifier ce qu’est le braconnage. « Toute personne prélevant une bête sans en avoir le droit commet un acte de braconnage », nous apprend le garde-faune. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un particulier se débarrasse d’une fouine envahissante, empoisonne une espèce protégée, détruit un biotope, capture des animaux sauvages, etc. Ces actions seront dénoncées au ministère public avant d’être jugées pénalement. Les peines encourues peuvent aller jusqu’à la prison ferme avec de fortes amendes.
Conseils pour vos balades
Habillez-vous avec des couleurs vives, marchez dans des endroits dégagés. En cas de coups de fusil, signalez votre présence en parlant ou en chantant, ne cherchez surtout pas à vous cacher. Si vous rencontrez un chasseur, demandez-lui où se déroule la chasse, s’il y a d’autres chasseurs, combien de temps cela va-t-il durer? Sachez toutefois que la formation des chasseurs vaudois est l’une des plus exigeantes et rigoureuses au monde et que les chasseurs doivent naturellement bien identifier leur proie avant tout tir. Aucun accident de chasse n’est survenu au cours des vingt dernières années avec un citoyen ou autre usager de la forêt.
Lettre ouverte – Au « Chien de chasse caramel au bandana rouge »
Cher Chien,
La Fiat 500 de lundi | J’espère que tu vas bien et que ta journée de chasse avec ton maître s’est bien terminée. Elle avait certainement bien commencé pour toi et j’imagine que tu as eu bien du plaisir à prendre la piste de ce chevreuil qui courait si vite… La mienne de journée, avait aussi très bien commencé sauf que je ne m’attendais certainement pas à vous croiser ta proie et toi sur ma route, encore moins à 10 heures du matin en montant d’Oron sur Essertes, dans une zone dégagée et proche de fermes. Tu as eu de la chance finalement, car c’est moi qui ai percuté le chevreuil que tu coursais et c’est moi qui l’ai tué. Tu aurais pu être à sa place et ton bandana rouge ne t’aurait pas trop servi sur cette route si fréquentée ou alors, c’est moi qui aurais pu être à la place du chevreuil… Sauf que moi, ma maîtresse, ses bandanas, en automne, elle les range dans sa boîte à chapeaux. Tu n’as certainement pas compris ce qui s’est joué face à toi et en brave chien de chasse que tu es, tu as marqué l’endroit où la trace s’est stoppée net. Tu as vu la camionnette orange de la DGMR s’arrêter – une chance qu’elle passe par là à ce moment – embarquer ton chevreuil et moi, la suivre et tu es resté planté là, à attendre. Je t’écris donc pour te raconter la suite. Il a fallu signaler au poste de police l’accident. Ma maîtresse n’a pas trop aimé voir mon état, ni la carcasse du chevreuil. Elle a été plutôt triste. Tu comprendras qu’elle n’avait pas trop envie de le regarder, ni de le garder, ton chevreuil. Elle n’aurait pas su très bien quoi en faire de toute façon. Ensuite, petit détour chez l’assureur, puis chez mon garagiste et chez le carrossier. J’y suis restée trois jours… Cher Chien, je sais que ton instinct te dépasse, sauf qu’au final dans cette histoire, tu seras rentré bredouille. Moi, j’aurai eu la garniture complète: pare-chocs, capot, aile et portière. Il y a tout de même une petite chose qui la console, ma maîtresse, dans cette histoire, c’est que ton maître n’aura pas eu de selle non plus… Il lui sera resté spätzlis grillés ou nouilles au beurre comme choix. C’est tout de même le comble quand on sait que les bois du Jorat sont si proches… Je te souhaite tout de bon pour la suite de ta saison. Tiré de faits réels, adaptation Rosane Schlup