Initiatives utopistes et irréalistes
Les deux initiatives populaires pour des aliments équitables et pour la souveraineté alimentaire ne sont pas applicables dans la réalité.
Pour la première, demander à la Confédération de fixer des règles pour la production de denrées alimentaires dans le respect de l’environnement et des animaux, arrive comme la grêle après la vendange, nul n’a été besoin d’attendre cette initiative, c’est déjà fait, les normes suisses sont les plus pointues au monde, la seule chose qui changerait, serait le fait de mettre en place encore plus de contrôles, les agriculteurs auront-ils encore le temps de travailler entre deux contrôles? Imaginez la structure à mettre en place tant en Suisse qu’à l’étranger, qui va la financer, de plus, comment dicter des règles dans un pays étranger où le propre gouvernement n’arrive pas à faire respecter les siennes! Nous vivons dans un état de droit démocratique, la Confédération peut-elle imposer des choix aux consommateurs? A mon sens cette initiative ne devrait pas exiger que la Confédération mette des règles en place, mais plutôt sensibiliser le consommateur sur les choix judicieux à faire, ce serait un tantinet plus logique. La deuxième tend à un retour vers une agriculture de petite paysannerie plutôt familiale, écologique et respectueuse de l’environnement. En Suisse, la plupart des exploitations sont encore familiales, de par la réglementation suisse et le bon sens terrien. Elles pratiquent une agriculture déjà respectueuse de l’environnement. Fort heureusement, il y a une belle diversité dans notre agriculture. Si certaines exploitations se tournent vers la culture biologique, d’autres veulent rester conventionnelles tout en respectant la nature. Certaines s’orientent et se spécialisent dans un domaine plutôt qu’un autre et c’est ce qui fait la particularité et la beauté de notre monde agricole, vouloir édicter un modèle type d’exploitation agricole serait la fin de cette diversité. Evidemment le nombre d’exploitations est en diminution, tout comme le pourcentage de la population d’origine paysanne, ceci allant inéluctablement de pair. Auparavant, il y avait souvent des membres de la famille qui restaient sur l’exploitation pour aider. En contrepartie, ils avaient la nourriture, le logement et une faible rémunération. Ce modèle n’existe plus. Aujourd’hui trouver du personnel agricole suisse ou étranger devient de plus en plus difficile à cause de la pénibilité du travail, du nombre d’heures bien supérieur aux autres corps de métier, alors vouloir tout à coup revenir en arrière et décupler le nombre de personnes travaillant dans l’agriculture ne va pas être simple! L’ensemble de la société a évolué et le secteur agricole a dû s’adapter, alors imaginer aujourd’hui qu’un retour en arrière est possible, c’est parfaitement utopique, il faudrait que l’ensemble de la société fasse ce retour, mais la nature humaine n’est pas faite pour cela, à tort ou à raison, notre esprit nous pousse à aller de l’avant vers une progression continue. Le 24 septembre 2017, le peuple souverain a accepté avec 78.7% de oui, un article constitutionnel sur la sécurité alimentaire. Laissons déjà les effets de cette décision se déployer avant de rajouter des couches inutiles. Votez NON à ces initiatives le 23 septembre prochain.
Jean-Rémy Chevalley, Municipal et député, Puidoux