In Vino Veritas
Image choquante que celle de ces grappes de chasselas délibérément jetées à terre au pied des ceps. D’autant plus choquant est de découvrir de semblables grappes sur les rayons des supermarchés… importées celles-ci ! Le bon sens nous aurait-il quittés ? Les lois du marché n’en sont certes pas à une aberration près, mais il n’en est pas moins absurde dans une région qui vit de la viticulture depuis des siècles. C’est l’interdiction de produire plus qu’une certaine quantité fixée par les autorités cantonales en accord avec l’interprofession du vin vaudois qui a donné ce triste spectacle. Un fossé semble s’être créé entre d’une part les autorités cantonales et l’interprofession et d’autre part les vignerons eux-mêmes. Avec un quota en diminution de 14% par rapport à 2018, la colère des vignerons ne s’est pas fait attendre. Après une grève de la faim entamée par un vigneron genevois excédé, ce ne sont pas moins de 150 vignerons de toute la Romandie qui se sont réunis le 30 octobre dernier à Saint-Livres. La tension monte et les acteurs de la profession ont opté pour une mobilisation le 2 décembre prochain à Berne. Dans l’idée de rallier à la cause le viticulteur Parmelin, la date choisie est aussi celle de la rentrée parlementaire, ce qui pourrait justifier un premier apéritif officiel. Sous un autre angle. La consommation de vin est en baisse, la production 2018 est en excédent malgré une magnifique qualité mais on ne constate pas de modification des contingents d’importations. Un rééquilibrage est nécessaire si nous voulons pérenniser le savoir-faire ancestral des vignerons sans faire disparaître la profession. Le respect de la production locale est aussi un premier pas. Les anciens le savaient déjà. « Le jus de la vigne clarifie l’esprit et l’entendement, apaise l’ire, chasse la tristesse et donne joie et liesse. »