La commune de Forel (Lavaux) perd l’un de ses visages marquants. Gérard Frautschi s’est éteint paisiblement à l’âge de 94 ans, laissant le souvenir d’un homme profondément engagé, passionné par sa région, ses concitoyens, ami des arts populaires comme le théâtre, le chant et l’écriture.

Instituteur de vocation, il a marqué des générations d’élèves au collège du Plâne dès 1965, puis au Grenet, au Pavillon et enfin au Groupe scolaire, où il enseigna jusqu’en 1988. Pédagogue respecté et exigeant, il a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire des écoliers forellois.

En parallèle à sa carrière d’enseignant, il s’est investi avec une rare constance dans la vie communale. Elu municipal en 1974, il deviendra syndic de Forel de 1978 à 1991, œuvrant avec rigueur et humanité au développement harmonieux du village. Il poursuivit ensuite son engagement au service de la justice, en assumant les fonctions de juge de paix durant quelques années.

Poète de l’histoire locale, il mit sa plume au service des grandes commémorations : en 1986, il rédige le spectacle Foresta, présenté lors de l’inauguration du Groupe scolaire des Cornes de Cerf. En 1991, il signe une suite poétique intitulée « Mon Pays vers l’Avenir » marquant les 700 ans de la Confédération, donnée à Cully le soir du 1^er août, en collaboration avec toutes les communes et sociétés locales du district de Lavaux. Plus tard, il présidera la commission de rédaction du livre Regards sur une commune vaudoise – Forel (Lavaux), publié en 2001 pour célébrer le 175^e anniversaire de la commune.

Amoureux des mots, il était aussi conteur. Dans un recueil inspiré du Jorat, intitulé contes et légendes de Forel en Lavaux, il sut capturer l’âme des lieux et des gens avec tendresse et malice.

Sa villa construite de la route des Tavernes reflétait son goût pour l’esthétique et la tranquillité. Son jardin, toujours soigné, était à son image : ordonné, vivant, généreux.

Homme de traditions et d’amitiés, il chantait au sein du chœur d’hommes L’Avenir de Forel (Lavaux).Il a présidé, au niveau national, l’association suisse des amis du vin. Fin connaisseur, il alliait plaisir du palais et amour du partage. En été, il se ressourçait en Vendée, face à l’Atlantique, ou aux Plans-sur-Bex, dans un modeste appartement de l’ancien collège.

Avec sa disparition, Forel (Lavaux) perd un passeur de mémoire, un amoureux des mots et de son terroir. A sa famille, à ses anciens élèves, à ses amis et à tous ceux qui l’ont côtoyé, la rédaction adresse ses pensées les plus sincères .