Grandvaux: au bel âge de 95 ans, une mémoire vivante s’est évaporée
JPG | Tous les parents et amis d’Ernest Parisod, et ils étaient nombreux, lui ont rendu hommage le 20 juin dernier au temple de Grandvaux, puis au cimetière du village, où il repose à tout jamais. Nous ne le verrons plus sur le banc du Bougnon, à côté de sa demeure, profitant des premiers rayons du soleil en attendant le bus qui le conduira au Pavillon de l’Hôpital de Lavaux. Là en compagnie des résidents, il pouvait égrener ses souvenirs. Souvenirs d’école, de famille, de service militaire, de chroniqueur de ce qui était la Feuille d’Avis de Lausanne, du Semeur vaudois, de la Chronique de Lavaux, d’heures pénibles ou de joie liées au climat et à la culture de la vigne. Comme l’a relevé son fils Alain, lors de son hommage à son papa «Tu aimais ce coin de terre, la vigne, le vin et les gens qui l’habitent, tu étais une mémoire vivante, tu t’intéressais à la vie culturelle, sociale et politique».
Fidèle à son village
Né le 28 mai 1922, Ernest Parisod était le représentant de la 24e génération des Parisod de Villette arrivés en 1412. Il est confirmé au temple de Villette le 10 avril 1938, alors que la vigne avait gelé la veille. Il acquiert sa formation de terrien à l’école de viticulture de Marcelin. En 1944, lorsque St-Gingolph est incendié, Ernest Parisod est parmi ceux qui combattent le feu et sauvent des vies humaines. Il fut moniteur de l’école du dimanche avec celle qui deviendra sa femme le 19 janvier 1946 et ils s’installent à Grandvaux. Il a eu la douleur de perdre son épouse Pierrette née Serex, il y a 20 ans. Le couple a eu trois enfants, Eric, Alain, dernier syndic de Grandvaux et Jean-François. Il a rempli ses obligations militaires durant la seconde guerre mondiale comme sanitaire, puis cycliste et enfin dragon. C’est donc à pied, à vélo et à cheval qu’il a parcouru le pays, son pays, et qu’il s’est fait des amis tout en accumulant nombreux et beaux souvenirs. Ces souvenirs, il se faisait un plaisir de les narrer avec ses interlocuteurs. Fidèle aux sociétés du village et à la vie communautaire en général, il fut conseiller de paroisse et conseiller communal, membre de la Justice de Paix, membre de la société d’agriculture de Lavaux. Il ne manquait pas une manifestation et tout particulièrement celle de la Fanfare de Grandvaux qui l’avait élevé au titre de membre d’honneur. Fruit du hasard ou non, c’est alors que cette société donnait un concert à l’Hôpital de Lavaux le 15 juin 2017 qu’Ernest Parisod s’en est allé en toute discrétion pour rejoindre la voûte céleste.
Si les honneurs lui ont été rendus au temple de Grandvaux, l’image d’Ernest Parisod alors enfant, reste à tout jamais sur la fresque peinte par Charles Clément en 1930 au temple de Villette. Il a été immortalisé par l’artiste, assis sur un muret de vigne mangeant une grappe de raisins. Prémices d’un symbole de toute une vie, le raisin qu’il a tant aimé, la vigne qu’il a cultivée durement dans ce Lavaux qu’il n’a que rarement quitté… sauf pour ce voyage éternel.
Une mémoire s’est éteinte, mais tous ceux qui ont connu Ernest Parisod garderont une image lumineuse de celui qui était sans conteste un personnage de la vie grandvalienne.