«Les Grandes Traversées» – Ma mère à perte de vie
«Les Grandes Traversées», documentaire de David Maye
Colette Ramsauer | La démarche du réalisateur David Maye de porter à l’écran le thème de fin de vie, ne surprend plus. En 2012, l’artiste française Sophie Calle filmait sa mère alitée jusqu’au dernier soupir, un autre vidéaste mettait en scène la souffrance d’un sidéen en phase finale. Le film du Chinois Wang Bing, «Mrs. Fang», léopard d’or à Locarno 2017, traite du sujet sans détours.
Images sereines
Pour David Maye cependant, pas de tournage sur les dernières heures, ni le jour de funérailles. «Je n’aurais pas pu» avoue le cinéaste. Il évoque la phase finale par l’image d’un lit abandonné, d’une tombe fleurie où sa mère défunte sommeille désormais auprès de son grand-père alpiniste que la montagne a emporté lors d’une grande traversée. Impliquant une nature valaisanne ensoleillée ou enneigée, il nous amène en douceur dans sa famille alors que Françoise lutte courageusement contre la maladie. De ces rendez-vous, il montre des scènes réconfortantes de parents-enfants se soutenant face au drame, ou des photographies de bonheur passé. On ressent chez eux un esprit de cordée, un caractère forgé par la montagne.
Promesse de vie, attente de mort
«Cancer, ce mot insupportable» dira la soeur de David. Elle a 27 ans. Au moment des diagnostics, elle attend son deuxième enfant. Des étincelles perçues dans les yeux de sa mère à cette annonce, David a décidé d’entamer le tournage. «Pourquoi elle et pour quelle raison?» questionne le père désarmé. Ils choisissent, lui et Françoise, les couleurs de leur nouvelle cuisine. Dur, dur. «Il faudra bien continuer à vivre sans elle». C’est moi qui vous ferai à manger mes enfants. La famille endeuillée autour de la table dans un espace rénové sert de conclusion au film. Certainement pas à leur histoire. Accompagnant le générique de fermeture, la voix de la chanteuse Lhesa de Sela fauchée elle aussi par le cancer, perdure l’émotion ressentie durant la projection.
Les Grandes Traversées – Documentaire, David Maye, Suisse, 2017, 66’, VF, 16/16 ans
Au Cinéma d’Oron le 11 novembre à 18h en présence du réalisateur