Gouvernement
Georges Pop | Le mot gouvernement est désormais inséparable de la politique. En Suisse, il peut, par exemple, désigner le Conseil fédéral ou un Conseil d’Etat cantonal. Nous avons même lu récemment dans le distingué journal que vous tenez entre les mains qu’une fanfare s’était offert une nouvelle gouvernance. Il fut un temps pourtant où gouverner était exclusivement un terme de navigation. A l’origine, il y a le verbe grec κυβερνάω (kybernáô) qui veut dire tenir un gouvernail ou piloter un navire. Nous n’avons d’ailleurs pas perdu cette acception du terme puisque, aujourd’hui encore, en français, on dit bien gouverner pour conduire un bateau et on parle toujours des gouvernes ou du gouvernail d’une embarcation. Les Grecs étant – aujourd’hui comme hier – un peuple de navigateurs, ils furent les premiers à assimiler métaphoriquement la conduite d’une cité à celle d’un bateau. On prête d’ailleurs au philosophe Platon l’idée de rapprocher la direction d’un navire à celle d’une société humaine. Le mot grec donna le latin gubernare, qui avait exactement la même signification, autant en politique qu’en navigation; un mot latin qui va offrir au français gouvernement et tous ses dérivés. On parle d’ailleurs déjà de gouvernance et de gouvernement au Moyen-Age pour certains territoires, notamment dans le nord de la France. Petite spécificité romande, mais aussi savoyarde et provençale: dans certaines campagnes on dit gouverner pour prendre soin du bétail. Et puis nous avons quelques beaux proverbes ou citations avec gouverner. Quelques exemples: gouverner c’est prévoir, que l’on doit au journaliste et homme politique français Emile de Girardin au XIXe siècle. Selon Machiavel: gouverner, c’est faire croire! Et à propos de la France que l’on dit souvent ingouvernable, le général de Gaulle a déclaré: Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ?