Gauche – Droite
Georges Pop | Après la tourmentée campagne présidentielle française et avant le second tour très incertain de l’élection au Conseil d’Etat vaudois, certains se demandent peut-être pourquoi on parle de droite et de gauche en politique. Eh bien il s’agit tout bonnement d’un héritage de la Révolution française! Le clivage à l’origine n’avait rien d’idéologique, mais était simplement géographique. Il trouve son explication dans la place occupée par les diverses formations politiques au sein de l’assemblée nationale éphémère d’août à septembre 1789. Les partisans du roi Louis XVI, issus majoritairement de la noblesse et du clergé, étaient assis à la droite du président alors que ses détracteurs, issus du Tiers état, étaient installés à sa gauche. Mais c’est après la chute de Napoléon, à la Restauration, que s’ancra durablement l’usage de classer à droite les royalistes et à gauche les défenseurs de la Révolution. Le reste de l’Europe adopta progressivement cette division pour distinguer les conservateurs des progressistes. Reste à savoir qui sont aujourd’hui les héritiers des partis politiques de jadis. Et là, deux théories s’affrontent. La première, dite théorie de l’idéologie, prétend que la doctrine prime et affirme, par exemple, qu’un libéral du XIXe siècle positionné autrefois à gauche, aurait pour héritier les libéraux contemporains, même s’ils sont désormais positionnés à droite. La seconde, appelée théorie relative assure quant à elle que le positionnement prime sur l’idéologie et que ce même libéral du XIXe aurait plutôt pour héritier de nos jours les socialistes actuellement situés à gauche. Evidemment, ça se discute selon qu’on soit… de gauche ou de droite !
Quant aux Français, on vient de le voir, ils sont tellement enracinés dans ce clivage inventé par eux, qu’ils ont beaucoup de mal à concevoir qu’on ne soit ni de gauche, ni de droite…