Finances vaudoises – Le budget 2025 sous la loupe du Grand Conseil
Les députés se sont penchés sur les prévisions budgétaires 2025. Cette année, des discussions sur des baisses fiscales sont venues s’en mêler.
Les contribuables ont eu les oreilles qui sifflaient ce début de semaine. L’avenir de leurs porte-monnaies était au cœur des débats parlementaires vaudois, dans le lancement annuel des discussions budgétaires.
Budget, mais fiscalité d’abord. Car cette année, et plusieurs parlementaires ont dénoncé ce qu’ils voient comme un manque d’anticipation du Conseil d’Etat, le budget est venu sur la table en même temps que les discussions sur l’initiative « Baisse d’impôts pour tous – Redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne ». Le parlement a donc non seulement croisé le fer sur la proposition du comité d’initiative de diminuer de 12 % l’impôt cantonal, mais aussi sur celle du Conseil d’Etat de limiter cette baisse à 5 %. Car baisser les impôts est une nécessité, selon le gouvernement et la droite de l’hémicycle. Pour la présidente de la commission des finances PLR Florence Gross aussi. « La classe moyenne a une charge fiscale très lourde dans ce canton depuis des années. Il y a dix ans, elle a participé à remonter la santé financière du canton qui n’était pas si bonne. Aujourd’hui les contribuables méritent un juste retour, surtout que les prix augmentent de partout. Et puis, il faut aussi augmenter la compétitivité du canton. La gauche dit qu’il n’y a pas de départs, mais ce n’est pas vrai. On connaît des gros contribuables qui sont partis dans des cantons suisses allemands. Alors oui, on se doit de ne laisser personne au bord de la route mais on ne doit pas privilégier que les mesures sociales, on doit aussi privilégier les mesures fiscales. »
Pour le Vert Killian Duggan, également enfant du district, l’argument brandi par la droite de l’enfer fiscal ne tient pas. « Je ne nie pas qu’il y a une pression fiscale qui est forte, que dans le canton de Vaud on a des impôts qui sont relativement élevés en comparaison intercantonale. Mais baisser l’impôt avec la méthode de l’initiative et celle du gouvernement, en prenant l’impôt final et réduisant le pourcentage, ça n’a quasiment aucun effet sur la position du canton parmi les autres cantons. Avec les 5 %, on reste dans la même classe, et avec 12 % on gagne trois ou quatre rangs sur les 26. Le coût pour la collectivité et le risque de voir se dégrader le service public, tout ça pour ne pas vraiment améliorer
l’attractivité fiscale, ne nous semble pas un choix judicieux. »
Ce ne sera finalement que le groupe UDC et quelques députés PLR qui soutiendront le texte des 12 %. Il est rejeté avec 91 non et 31 oui. La population se prononcera à son sujet en 2025.
Fossé gauche-droite sur les investissements
C’est donc après une journée et demie de débats et non sans plusieurs allers-retours sur les possibles effets de l’acceptation par le peuple de ces fameux 12 % que le plénum s’est enfin penché sur le budget 2025. Un budget qui, on le rappelle, prévoit un déficit de 303 millions de francs, mais reste au petit équilibre, c’est-à-dire concernant les charges de fonctionnement. Cette année, les revenus ont augmenté de 5,1 % et les charges de 4,6 %.
La conseillère d’Etat en charge des finances, Valérie Dittli, s’est voulue rassurante : ce n’est « pas un budget d’austérité mais de transition », assure-t-elle. « Un miroir de nos décisions », explique quant à elle la présidente du Conseil d’Etat, Christelle Luisier, qui promet que son gouvernement combattra tout amendement qui pourrait péjorer l’équilibre financier.
Cela n’a pas empêché gauche et droite de dénoncer les manquements qu’ils y voyaient : investissements trop faibles pour le climat, bouclier fiscal, salaires du public et du parapublic, etc. De nombreux amendements ont donc été déposés, par la droite pour limiter la création de postes au sein de l’Etat, la gauche pour davantage de mesures climatiques et sociales.
Plusieurs amendements avaient déjà été présentés par la commission des finances, COFIN, demandant notamment à réduire le financement au syndicat Avenir Social, accepté par le plénum. La réduction de l’indexation, également demandée par la COFIN au vu de la modification de l’indice du prix à la consommation, pourrait faire l’objet de nouvelles discussions d’ici à fin décembre.
Et chez nous ?
Au sein du district et pour ces communes, les risques en cas de baisse d’impôts, même de 12 %, ne devraient pas se faire sentir. « Les habitants du district verront leurs impôts légèrement baisser, mais les revenus pour les communes ne vont pas bouger, grâce à la méthode choisie pour la baisse », explique Kilian Duggan. Surtout que l’accord canton-communes sur la nouvelle péréquation intercommunale, entré en vigueur en début d’année, a redistribué les cartes des financements communaux.
Pour le Vert, la situation financière du canton est similaire à celle des communes, qui vivent la même conjoncture économique. « La population augmente, ses attentes aussi, alors les communes, comme le canton, ont des revenus fiscaux qui vont bien mais des charges qui augmentent. »
A raison de deux jours par semaine, les débats budgétaires se poursuivront jusqu’au 18 décembre au sein du Grand Conseil. Les financements de plusieurs départements restent à être discutés.