Fêtes des Vignerons 2019 – Les personnalités de la fête
Interview de Mme Elina Leimgruber, syndique de Vevey
Christian Dick | Elina Leimgruber a bien voulu recevoir un membre de la rédaction du Courrier dans son bureau de l’Hôtel de Ville. Un entretien très cordial s’est articulé autour de la Fête des vignerons que la ville reçoit du 18 juillet au 11 août.
Madame la syndique, vous êtes municipale depuis 2011, syndique depuis 2016, êtes née à Vevey, avez travaillé à Genève et à l’étranger. Avez-vous participé à l’une des dernières Fêtes?
Non, et je n’ai pas non plus été figurante. Mes parents sont partis à Crans-Montana alors que j’avais 4 ou 5 ans. J’ai suivi la Fête de 1977 à la télévision et j’étais en Afrique en 1999.
Vous serez dans quelques mois la dame la plus en vue du pays. Vous recevrez le président de la Confédération et serez probablement enlevée par les Brigands du Jorat. Vous êtes-vous préparée à ce rôle?
Pas vraiment. Je prends les choses comme elles viennent et me réjouis d’accueillir le président de la Confédération et toutes les autorités qui assisteront au spectacle. Pour la Fondation Images, j’ai eu l’honneur de recevoir l’an dernier Alain Berset, président de la Confédération, à qui j’ai eu le plaisir de faire découvrir le Festival Images et notre belle commune. Quant aux Brigands, j’espère qu’ils apprécieront, comme rançon, le vin de notre commune (rires).
Dans votre programme de législature 2016-2021, vous dites: «Accueillir la Fête des vignerons.» Dans les faits, qu’en est-il?
L’emprise de la Fête au cœur de la ville est importante. La construction de l’arène génère des nuisances pour les habitants et les visiteurs. Les commerçants éprouvent une certaine morosité, pas seulement due à la conjoncture. Nous travaillons aussi sur des alternatives. Le parking de Manor est ouvert 24h/24 avec un étage supplémentaire. Une offre décentrée pour les pendulaires comprend le stationnement et les transports publics depuis les P+R de la Veyre et de Hauteville. Les places de parc ont été augmentées et ramenées de 10 heures à 3 heures pour une meilleure fluidité.
Chaque jour, 20’000 spectateurs assisteront au spectacle auxquels s’ajouteront 5000 figurants et autant de visiteurs. La population est d’environ 20’000 habitants. Cela représentera env. 800’000 personnes sur les dix jours. Il faut donc se réinventer. Les commerçants peuvent s’adresser à la Direction de l’urbanisme pour un changement d’affectation temporaire.
Trois publications internationales dont le National Géographic, The Guardian et le New York Times ont consacré un reportage à Vevey et à la Fête des vignerons considérées comme sites d’exception. La Fête est d’ailleurs inscrite au patrimoine immatériel mondial de l’Unesco.
En tant que syndique et à la direction de l’architecture et des infra-structures, étiez-vous impliquée dans la construction de l’arène, de la plateforme ou différentes scènes?
Non. La procédure a passé par la direction de l’urbanisme. En vingt ans, la population et les habitudes ont changé. Une mise à l’enquête publique a été publiée. Elle a rencontré quelques oppositions. Celles-ci ont été traitées et levées, que les litiges soient résolus plutôt que d’assister à des critiques lancinantes. En retirant les pédalos, par exemple, le perré a révélé à la population son grand intérêt historique.
Certaines communes accordent des billets préférentiels à leurs habitants. Thurgovie réserve un train et présente son cépage Müller-Thurgau. Zurich montre qu’il est un canton viticole et un moteur économique et scientifique. Le Valais affrète un train spécial. Est-ce le rôle du canton de faire la promotion ou celui de la ville hôte?
La Fête des vignerons et Montreux-Vevey Tourisme font la promotion de cet événement exceptionnel. Vevey et la Riviera bénéficieront de ce rayonnement en 2019 et ces prochaines années. De plus, la journée du 8 août sera la journée «cantonale» de Vevey, de la Riviera et du Pays d’Enhaut où chaque commune du district mettra ses atouts en avant.
Vevey accordera-t-elle des billets préférentiels à ses habitants?
Plusieurs projets sont à l’étude. Les habitants auront probablement la possibilité d’assister à une répétition en mai et juin dans l’arène. Une webcam sur le toit du Musée suisse de l’appareil photographique permet de suivre en direct l’avancement du chantier sur la place du Marché dans sa première phase.
Comment vivez-vous avec l’idée de recevoir tous les cantons suisses?
C’est un honneur et un plaisir que de les accueillir à Vevey-la-Jolie dans le cadre de la Fête.
Un accord a été trouvé entre la Ville et la Confrérie réglant les modalités de mise à disposition du domaine public.
La Confrérie et la ville de Vevey sont partenaires. Elles ont signé une convention. La Confrérie n’a fait valoir aucune demande à une garantie de déficit et voulait que la Fête ne coûte rien au contribuable. Elle prend à sa charge les frais effectifs liés à la Fête.
Les CFF et la Confédération font partie des partenaires institutionnels. Et la ville de Vevey?
Nous sommes partenaires et étroitement liés par une convention. La commune met à disposition la place de l’Hôtel de Ville aux associations veveysannes. Une réflexion quant à son utilisation et en cours. Une redevance est facturée aux stands qui ont une activité lucrative. La Ville est propriétaire des caveaux de la Saint-Martin et de Scanavin qui seront des lieux incontournables.
La Ville est propriétaire de vignes. A-t-elle un projet de valorisation de ses vins?
Oui, elle les mettra en valeur dans ses caveaux et lors de la journée du 8 août. La qualité s’est fortement améliorée ces dernières années. Je suis fière d’en offrir lorsque l’occasion se présente. La ville est propriétaire de vignes sur son propre terroir, mais aussi à Chardonne, à Saint-Saphorin et à La Tour-de-Peilz.
Vevey est une ville d’images. Quelle impression aimeriez-vous laisser aux générations suivantes?
La population veveysanne est encore partagée, mais je souhaite qu’elle s’approprie l’événement et réalise qu’il est exceptionnel. J’ai vécu en 1987 les championnats du monde de ski alpin à Crans-Montana où l’équipe suisse remportait huit titres mondiaux et quatorze médailles. J’ai le souvenir d’un grand événement et souhaite que la population garde un souvenir lumineux de cette Fête qui valorise le métier de vigneron-tâcheron, que chacun en profite pleinement et garde en mémoire ces beaux moments pour les vingt prochaines années. Mes enfants auront 12 et 8 ans. Ils figurent dans la troupe des protecteurs de la vigne. A eux comme à tous les jeunes, je souhaite qu’ils réalisent qu’il est exceptionnel de participer à cet événement qui est aussi fédérateur.
Et quelle image de vous-même?
Vevey accueille la Fête des vignerons. En tant que syndique, c’est un honneur de représenter la ville. Mais je rappelle que c’est le vigneron-tâcheron que l’on fête. A cet égard, le couronnement sera un moment exceptionnel empreint d’émotion et de joie.
Quels sont vos rapports avec la Confrérie?
Je suis consœur comme deux autres membres du Conseil municipal, mais pas conseillère. Je ne fais pas partie du Conseil de la Confrérie, qui est l’organe de décision. Les services de la commune sont en contact quotidien avec elle. Si Vevey est le territoire de la Fête, c’est bien la Confrérie qui est le maître d’œuvre de la Fête des vignerons, événement qui met en valeur et rend hommage au travail du vigneron-tâcheron.
Qu’aimeriez-vous ajouter ?
Je me réjouis beaucoup de vivre cette Fête et partage avec la Confrérie le vœu que tout se passe bien, que la population, le public et les acteurs-figurants en gardent un excellent souvenir et que Vevey-la-Jolie soit, grâce à cette manifestation, pour un mois la capitale de la Suisse!