Fête des Vignerons 2019
Louis Monnier, techniscéniste
Propos recueillis par Christian Dick | Louis Monnier est techniscéniste et l’un des salariés occupés à la réalisation technique de la Fête des vignerons.
En quoi consiste le métier de techniscéniste ? J’ai une formation de généraliste en technique de scène, soit le son, la lumière, la vidéo, le plateau, le décor, les effets spéciaux, de même la maîtrise de la sécurité, de l’énergie et de la gestion, gérer les médias et la production. La formation est reconnue par un CFC et dure 4 ans. Le métier n’existe que depuis huit ans.
Comment s’est passé ton engagement? Je cherchais à être acteur-figurant mais m’y suis pris un peu tard. Il ne restait des places que dans la troupe de la Saint-Martin. C’était ça ou pas de Fête. Je ne voulais pas trop. Compte tenu de ma formation, on m’a proposé d’être technicien bénévole, et comme j’ai travaillé à Paléo sur la grande scène, j’ai obtenu le rôle de régisseur adjoint. C’est ainsi que j’ai eu le poste. Le temps que durent les répétitions et la Fête, je suis salarié et occupé à plein temps.
Comment se déroulent tes journées? Nous nous réunissons pour un briefing tenu par le régisseur général. On y entend les dernières explications, le planning des répétitions ou les dernières modifications. On se prépare aux essais techniques (comme par exemple la disposition des ventilateurs ou le gonflage des larmes). Nous procédons à des tests avant le début des répétitions.
Quelle est ta motivation? J’ai beaucoup de plaisir et j’adore ce que je fais. J’ai l’occasion de côtoyer des artistes, des concepteurs de spectacles. C’est un métier de l’ombre qui me convient. Je participe au squelette du spectacle. C’est le Cully Jazz Festival qui m’a donné l’amour de ce métier. Ici, à la Fête des vignerons, tout est très professionnel. C’est une grosse production comparable à un très gros concert, mais sur une période beaucoup plus étendue. Rien que la production emploie 20 personnes alors qu’au Cully Jazz nous ne sommes que deux.
Es-tu en relation avec la mise en scène, le chorégraphe ou les concepteurs de la Fête? Forcément. On les croise sur différents projets. C’est un petit monde où l’on finit tous par se connaître, et souvent on se retrouve sur les mêmes projets. La plupart de mes collègues sont indépendants. Moi je suis employé par Dorier qui a obtenu le mandat technique à l’auditorium Stravinski. J’y retourne après la Fête. Je gère parallèlement la technique du Cully Jazz Festival In et Off.
Comment fonctionne la relation entre la réalisation technique et la conception du spectacle? Le régisseur général, Alain Schneebli, donne les directives qu’il reçoit de Daniele Finzi Pasca. Par exemple, le metteur en scène souhaite obtenir un effet spécial comme la recherche d’un mouvement aquatique. Il s’agit pour nous de réaliser cette séquence avec poésie et l’aide du matériel technique adéquat. Ensuite, les figurants utiliseront ce procédé durant le spectacle. Techniquement, nous sommes dans la réalisation d’une idée. Parfois, c’est un compromis entre un souhait de la mise en scène et ce qui est réalisable.
Combien de personnes travaillent-elles comme toi dans l’ombre? Une petite centaine uniquement dans la régie plateau, 18 régisseurs, 10 techniciens professionnels et plus d’une soixantaine de bénévoles. Il y a encore l’équipe son, vidéo, lumière,
la RTS qui oeuvrent aussi et ne sont pas compris dans le nombre.
Tu aimerais ajouter quelque chose? La plupart des techniciens ne connaissent pas le monde de la vigne qui présente un aspect traditionnel. Nous sommes au coeur d’un événement qui parle de vignerons. Moi je connais bien ce domaine. La rencontre de ces genres différents provoque des situations drôles et très intéressantes, comme des vaches sur un plateau ou des tracassets totalement inconnus de ces personnes.
Tu portes une jupe, quelle en est la raison? C’est un habit de travail extrêmement pratique qui contient des poches pour tous mes outils. Je me sens à l’aise. Il tient chaud quand il fait froid et reste frais quand il fait chaud.
Un dernier mot? En 1999, j’étais un peu jeune pour être vigneron-guerrier. Mais ça m’aurait plu. J’étais enfant-cep. Cette année, il était hors de question que je ne fasse pas la Fête. Je suis extrêmement
heureux, en plus, de la faire dans ces conditions.