Exposition – L’Espace Graffenried à Aigle expose deux artistes féminines

Après ses études à l’école des Arts et Métiers de Vevey, Monique Jacot (Neuchâtel 1934 – Epesses 2024) est devenue une grande photographe de presse. Cette femme passionnée de voyages a fait de nombreux reportages en Suisse et à l’étranger, notamment au Yémen.
Ses travaux ont été reproduits dans des magazines illustrés célèbres de notre pays et à l’étranger : Schweizer Illustrierte, Vogue et autres. Il faut dire qu’elle a vécu l’âge d’or de la photographie de presse… avant que le développement et les succès rapides du numérique aient pu laisser croire que tout un chacun est un spécialiste du reportage ! La photographe s’est particulièrement intéressée à la condition féminine (écrivant même des ouvrages sur ce sujet), et notamment à celle des ouvrières, par exemple aux femmes qui travaillaient dans la confection des sous-vêtements Calida. La plupart nous sont montrées avec un regard assez las, dû sans doute à leur grande fatigue.
Mais Monique Jacot a expérimenté aussi des travaux de caractère plus esthétique. L’exposition est d’ailleurs intitulée « La figure et ses doubles ». D’où des photos parfois étonnantes, comme celle de zèbres au cirque Knie. Travaillant parfois sur des collages, son œuvre n’est pas sans rappeler celle de certains surréalistes comme Man Ray. On regrettera juste que les concepteurs de la présentation n’aient pas utilisé tout l’espace disponible (un mur resté vide…) pour montrer davantage de photographies de cette artiste pionnière trop peu connue.
Une seconde exposition est consacrée à Delphine Burtin, née en 1974. Celle-ci se confronte à l’un des plus puissants mythes helvétiques, pour ne pas dire une icône de notre pays. Surtout après la Constitution fédérale de 1848, qui donnait naissance à la Suisse unifiée moderne, on avait besoin de puissants symboles rassembleurs. Qu’y avait-il de mieux que la montagne, parée de vertus idéalisées (solidité du granit, vie simple de ses habitants, cimes nous rapprochant du Créateur) ? Le Cervin a par ailleurs servi à d’innombrables publicités… et à la création du fameux chocolat Toblerone. Or, Delphine Burtin se confronte aux représentations artificielles de la montagne, sous différentes formes : par exemple miniatures avec petit téléphérique, formes « montagneuses » en plastique, pseudo-montagnes dans des jardins, qui font un peu penser à celles des Chinois illustrant ainsi la dualité du yin et du yang…
Monique Jacot
La figure et ses doubles
Jusqu’au 31 août
Delphine Burtin
Géométrie du rocher
Jusqu’au 8 juin
Espace Graffenried, Aigle