Exposition – Bibracte : cité celte et défaite des Helvètes
C’est à ce double titre que le nom de Bibracte est resté dans l’Histoire. Lorsqu’on s’approche du Mont Beuvray, en Bourgogne, où se situe cette capitale des Eduens, un important peuple gaulois, on traverse de grandes forêts de feuillus où le gibier abonde. Or, on sait que les Gaulois en étaient friands, et notamment de sangliers. Rappelons que les Celtes étaient une ethnie européenne, apparue pendant la protohistoire, qui s’étendait de l’Europe centrale (à l’Est la République tchèque actuelle) à l’Atlantique et aux Îles britanniques.
Bibracte, sur cette colline largement défrichée, constituait un oppidum (cité fortifiée), très bien placé, au confluent de trois bassins fluviaux : Yonne, Saône et Rhône. Ses 200 hectares étaient entourés par une muraille en murus gallicus (mur gaulois), fait de pierres étayées par du bois et du fer. Elle avait probablement 4 à 5 m de haut et était entourée d’un fossé de 2 à 4 m de large. Elle inspirera d’ailleurs ultérieurement les fortifications romaines. La ville elle-même avait entre 5000 et 10’000 habitants. Le site renfermait des sources d’eau abondantes, des métaux (fer, or, étain), des pâturages pour les chevaux. Les Eduens ne vivaient cependant pas totalement en autarcie. Ils commerçaient avec Rome, et certainement aussi avec la cité grecque de Massilia (Marseille), qui exportait son vin par le Rhône. Or les Gaulois en étaient de grands consommateurs !
Les fouilles archéologiques de Bibracte ont été entreprises sous Napoléon III. Il portait un grand intérêt à l’histoire des Gaulois et, politiquement, son régime avait besoin d’un grand passé glorieux pour la France…
C’est près de ce site qu’eut lieu en 58 av. J.-C. la fameuse bataille de Bibracte, où les légions de César écrasèrent les Helvètes de Divico. Le peuple helvète (plus de 300’000 hommes, femmes et enfants) avait tenté de quitter sa terre natale (la « Suisse »), en brûlant tout derrière lui pour ne pas être tenté de revenir en arrière. Il voulait gagner des terres plus fertiles dans l’Ouest de la France. Voyant cela, les Eduens firent appel à Jules César, leur allié. Ce qui donnera à ce consul ambitieux l’occasion, ou le prétexte, de conquérir toute la Gaule. Il en écrira à Bibracte le récit : De bello gallico. Pour la bataille elle-même, on avance les chiffres (discutés par les historiens) de 92’000 Helvètes contre 40’000 Romains. Battus, les Helvètes (ceux qui n’avait pas été massacrés lors du combat), durent revenir dans leur terre d’origine, qui allait devenir une province romaine. Les victoires des Romains étaient notamment dues à leur entraînement, leur discipline et leur tactique de combat. Les légionnaires combattaient en principe sur trois rangs qui se relayaient en première ligne, alors que les Helvètes s’épuisèrent lors de leurs assauts successifs et inefficaces. Ultérieurement, les Eduens changèrent de camp. C’est à Bibracte que Vercingétorix fut nommé commandant des troupes de la grande alliance gauloise contre César. Mais il dut capituler à Alésia en 52 av. J.-C. Puis, sous Auguste, Bibracte fut abandonnée au profit d’une nouvelle capitale romaine, Augustodunum, la ville de l’empereur Auguste : c’est l’actuelle Autun.
Il faut reconnaître que le site actuel de Bibracte, s’il est émouvant, n’est pas très spectaculaire… Les quelques fondations de pierre ne sont pas plus impressionnantes que celles de Vidy.
L’essentiel se trouve dans le remarquable musée, didactique et vivant, qui renferme un grand nombre d’objets trouvés lors des fouilles. On y apprend tout sur les techniques et la vie des Celtes. Enfin, presque tout, car ils ne possédaient pas l’écriture et il reste donc bien des inconnues, par exemple leurs maisons de bois ont toutes disparues. A quoi ressemblaient-elles vraiment ? C’est le cas aussi de leur religion polythéiste, transmise oralement par les druides.
On constate que les Celtes étaient de remarquables forgerons et artisans, travaillant le fer, le bronze, l’or, le bois et l’émail. Le musée présente un grand choix d’outils agricoles, d’armes, de bijoux (les fameuses torques), d’urnes funéraires car ils pratiquaient l’incinération. Des statues assez grossières en bois représentent leurs dieux et déesses. Il faut noter que cette religion celtique va inspirer des légendes médiévales, comme celles du roi Arthur et de Merlin l’enchanteur. Quant à la musique « celtique », elle est très à la mode aujourd’hui, surtout en Bretagne.
Notons enfin que Bibracte n’est pas la seule attraction de cette région bourguignonne. Celle-ci possède des églises romanes (dont notamment le beau tympan de la cathédrale d’Autun), de nombreux châteaux… et des vaches charolaises blanches dont la chair réjouira vos papilles gustatives.
Pour connaître les Celtes en Suisse, visitez le Laténium d’Hauterive (Neuchâtel).