Eté plutôt satisfaisant pour les piscines de la région
Les établissements de Chexbres, Vevey-Corseaux et Pully ont pu profiter des fortes chaleurs de juin et d’août pour faire le plein de clientèle. Petite ombre au tableau, les deux semaines de temps maussade du mois de juillet.

Diane Zinsel | En ce dernier samedi avant la reprise des classes, une douce odeur de crème solaire et d’herbe coupée flotte à la piscine de Chexbres. La chaleur n’a pas encore dépassé la barre des 30 degrés, mais l’ombre du grand platane est déjà occupée par une ribambelle de linges colorés, de chaises pliables et de glacières. Dans le petit bassin, trois bouées sont prises d’assaut par les plus jeunes, manchons oranges bien ajustés, tandis que, le long du grand bassin, les plus âgés s’amusent à sauter dans l’eau sous l’œil attentif du garde-bain. En bande-son, la musique du restaurant se mêle aux cris joyeux des enfants qui couvrent à moitié les recommandations des parents.
« Depuis début août, le public est revenu avec le soleil », se réjouit, soulagé, Wassim Dagou, responsable adjoint de l’établissement qui a tourné en effectif réduit pendant les deux semaines plutôt fraîches du mois de juillet. « On ne sait jamais comment une saison va se dérouler. Le défi, c’est d’arriver à s’adapter à la météo et, cette année, on a heureusement pu compter sur juin et août », résume-t-il.
La piscine de Vevey-Corseaux-Plage tire un bilan plutôt positif. « En juin, on a dépassé les chiffres moyens de fréquentation avec plus de 10’000 entrées par semaine et, en août, on comptabilise jusqu’ici quelque 1700 personnes par jour, contre 1300 habituellement. Le mois de juillet a été plus compliqué : les chiffres sont tombés à environ 300 entrées par jour. Mais l’un dans l’autre, c’est une saison assez bonne », détaille Orsolya Bardocz qui gère le complexe. L’établissement a aussi récupéré une partie des habitués de la piscine de la Maladaire à Clarens qui est en rénovation.
A Pully-Plage, le responsable Christian Lehni abonde : « En comparaison de l’an dernier, où il a plu tout l’été, cette saison est plutôt satisfaisante ». La piscine, qui ferme le 14 septembre, n’a pas encore de bilan chiffré définitif, mais elle enregistre depuis début août quelque 3000 entrées par jour. « Avec cette canicule, les gens ont besoin de se rafraîchir et ils n’hésitent pas à passer après le travail ». En juillet, en revanche, les chiffres tournaient autour des 1200 personnes par jour. « Heureusement, si le public qui vient se bronzer renonce bien souvent à notre pelouse en cas de temps frais, tous les amateurs de natation continuent à venir s’entraîner chez nous, car nous garantissons une température de l’eau à 24 degrés », analyse Christian Lehni.

La complexification du métier de garde-bains
Sur le gazon de la piscine de Chexbres, Olivia et ses deux fillettes de neuf et trois ans sont venues profiter des lieux pour la première fois de la saison. « Ce qui est bien, c’est qu’il y en a pour tous les âges », relève la maman, alors qu’elle accompagne la plus jeune dans la pataugeoire en pente douce. Elles suivront ensuite la plus grande qui s’entraîne autant à réussir ses plongeons qu’à faire les plus grosses bombes possibles.
Un petit coup de sifflet retentit. Depuis sa chaise haute, l’un des deux maîtres-nageurs qui surveillent l’espace colonisé par des publics très différents vient de rappeler à l’ordre un imprudent qui court le long de l’étendue bleue. A Chexbres, la piscine travaille avec des surveillants fixes et fait appel à des auxiliaires en cas de forte affluence. « Cela nous permet de compléter ou de réduire nos effectifs selon les besoins », explique Wassim Dagou qui n’a pas de mal à trouver des candidats. Lui-même y travaille durant toute la durée de la saison, soit du 16 mai au 31 août.
A Pully et Vevey, le recrutement de garde-bains s’avère plus compliqué. Le métier s’est complexifié avec des horaires qui, en plus, sont très disparates d’une saison à l’autre, analyse Orsolya Bardocz. Même si ce rôle de surveillance est essentiel, « il est devenu plus difficile de faire régner l’ordre, de s’imposer au bord de la piscine auprès d’un public qui respecte moins les figures d’autorité qu’auparavant et qui remet facilement en question les règles établies », estime aussi Christian Lehni qui porte également le bonnet de président de l’Association romande des Maîtres de Bains (ARMB). Aujourd’hui, la formation complète ne suffit plus pour devenir surveillant, il faut aussi pouvoir se montrer très diplomate à chaque interaction, ajoute-t-il.
Créer une ambiance familiale et sécuritaire
Pour les trois responsables, il s’agit de trouver le bon mix entre ambiance familiale et sécuritaire afin de fidéliser la clientèle. « Nous ne voulons pas d’un règlement trop strict qui empêcherait les gens de profiter », souligne Christian Lehni de Pully-Plage. Mais, pour que cela fonctionne, « les parents doivent aussi jouer leurs rôles, ne pas compter uniquement sur le personnel de la piscine pour surveiller leurs enfants et respecter les consignes », conclut son homologue à Vevey Orsolya Bardocz.
Que font les garde-bains en cas de mauvais temps ?
Les maîtres-nageurs ne font pas que surveiller les bassins, ils ont aussi pour mission la maintenance des installations. « Au fil de la saison, on fait une liste des choses qui se déprécient et, dès que la fréquentation diminue en raison d’une météo maussade, on se lance dans les réparations », indique Christian Lehni, responsable à Pully. « On profite d’un creux pour faire les grands nettoyages », détaille Wassim Dagou, de Chexbres. Ce temps est aussi mis à disposition pour faire des protocoles de sauvetage, complète Orsolya Bardocz de Vevey-Corseaux.
Comment tournent les piscines ?
Le prix des entrées ne couvre pas les charges d’exploitation, confirment les trois responsables des piscines de Chexbres, Pully et Vevey.
Leurs communes respectives soutiennent financièrement les structures. « En Suisse, il y a une volonté politique de garder les piscines accessibles financièrement au plus grand nombre, de ne pas être élitaire, car, si l’on voulait couvrir les frais, il faudrait augmenter drastiquement le prix du billet », affirme Christian Lehni, à la fois responsable de Pully-Plage et président de l’Association romande des Maîtres de Bains. Les bassins sont aussi mis à disposition des clubs et des écoles et proposent des cours de natation, rappelle Orsolya Bardocz, responsable de l’installation de Vevey-Corseaux.
En cela, les piscines sont aussi considérées comme relevant du service public..