diGestion
Gestion fautive des deniers publics, abus en tous genres et excuses pathétiques.
Une pluie d’or tombe sur quelques nantis, comme dans une balade forestière en automne. Des feuilles et des hommes sont à terre, un coup de balai semble nécessaire. Ce n’est pas tant l’acte en lui-même qui choque, même s’il est absolument répréhensible et indigne de la fonction, que la généralisation de l’usage. Ce manque d’éthique semble même être cautionné par sa durée. Dès lors, il n’y a aucune raison de remettre en question une loi non écrite dont la pratique semble immémorielle… et cela d’autant plus qu’il n’est pas l’apanage d’un individu unique. Le sentiment d’appartenance à un groupe, voire à une élite, tendrait à renforcer la légitimité même de la pratique. On en tombe des nues ! Et eux aussi croient rêver à voir leur mine déconfite arguant avec une sincérité poignante de la similitude de cartes bancaires… Le cas fait école, c’est l’effet boule de neige, pas un jour ne passe sans que nous passions de découvertes en révélations et de Charybde en Scylla. Seule la confiance en l’être humain nous empêche d’éructer le « Tous pourris ! » que notre cerveau reptilien nous suggère, et le remplace par le plus subtil et shakespearien « Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark ». Le problème reste, et l’issue pourrait être redoutable à l’heure des populismes… Un devoir d’exemplarité est de mise pour les édiles. Même si ce concept semble vieux jeu pour certains, il s’érige tout de même comme référence dans une société dite démocratique. Puiser dans la caisse n’a jamais été la règle, et avoir conscience qu’il y a toujours une contrepartie à la gratuité est un minimum de savoir à intégrer – et pratiquer – à ce niveau de pouvoir. Cela semble difficile à digérer chez certains dirigeants, qui en ont pourtant vu d’autres, mais la bonne digestion n’est pas une qualité impérative à ce niveau, la bonne gestion par contre… « Il est grand temps de rallumer les étoiles » aurait dit Apollinaire, dont on fête la disparition, il y a 100 ans et quelques lumières près…