De Puidoux à Jérusalem en vélo
Bernard Gossweiler, de Cremières, 68 ans, avait le temps, les yeux et le calme…
Si, pour la très grande majorité des voyageurs, un itinéraire pour aller à Jérusalem depuis la Suisse démarre à l’aéroport de Genève pour se poser quelques heures plus tard sur le tarmac à Tel-Aviv et ensuite rejoindre la ville sainte Jérusalem, ça, c’est pour la plupart d’entre nous. Mais pas pour Bernard Gossweiler, de Cremières, 68 ans au compteur.
Cet enfant de Pully qui a longtemps habité Vevey avait l’habitude d’effectuer à vélo le trajet de Vevey à Pully où il avait son atelier d’ébéniste. Après le catéchisme, Mai 68 et 4 enfants, c’est seulement vers la cinquantaine qu’il s’est rapproché de la bible au sein de la paroisse protestante de Vevey, et qu’il s’est intéressé à la foi chrétienne. Alors, une fois à la retraite, pourquoi ne pas aller découvrir les lieux saints ?
Peu à peu, l’idée fait son chemin et le matin du 12 septembre 2022, Bernard enfourche son vélo électrique qui tire une petite remorque avec une batterie de réserve et tout le matériel nécessaire pour se sustenter, pour dormir et aussi pour réparer sa bicyclette au besoin. Il s’est fixé comme objectif d’atteindre chaque soir un camping où il peut trouver de l’électricité pour ses batteries et son téléphone portable qui sert de GPS pour chaque étape suivante. Sans parler du plaisir de pouvoir prendre une douche bienvenue et rencontrer d’autres routards !
Deux jours plus tard, il arrive à l’Hospice du Simplon, accueilli chaleureusement par les chanoines. Réconforté par la rencontre d’autres pèlerins, il plonge vers l’Italie du nord qu’il va traverser en direction de Trieste. Puis, c’est la descente le long de la côte croate vers Dubrovnik. Il continue en filant sur Tirana la capitale de l’Albanie. Ce pays l’a particulièrement marqué par la différence importante concernant les infrastructures et le niveau de vie en regard de ces voisins plus modernes et disposant de plus de moyens financiers.
Un des objectifs de son voyage passait par Les Météores, en Grèce. Ce sont des monastères perchés dans des falaises de poudingue surplombant la petite ville de Kalambaka, en Thessalie. C’est dans ce lieu où la nature est forte, comme si ces roches avaient été envoyées du ciel sur la terre pour permettre aux ascètes de se retirer, de se protéger et prier, que Bernard a compris tout le privilège de voyager seul à vélo en voyant les hordes de touristes sortir des cars, prendre une photo, écouter distraitement leur guide et retourner s’asseoir confortablement. Lui avait le temps. Lui avait les yeux. Lui avait le calme…
C’est vrai que sur un vélo, on est seul. Mais on a le temps de sentir, de humer, d’admirer, quand on veut et comme on veut ! Un sacré privilège pour un pèlerinage !
Après l’ascension du mont Olympe, il continue à travers la Grèce et met le pied en Turquie à Ipsala et il longe toute la côte égéenne jusqu’à Aydin où une mauvaise surprise l’attend. Il attrape mal au ventre et en pleine nuit, il se voit contraint de rejoindre les urgences de l’hôpital de la ville et, sans pouvoir dialoguer en turc avec les médecins, il arrive à leur faire comprendre ses douleurs abdominales. Les médecins pensent à un calcul rénal et c’est bien le cas ! Après une nuit de soins, Bernard expulse son calcul et c’est reparti après avoir payé cash l’équivalent de Fr. 157.- pour le tout, y compris scanner et radio… Qui fait mieux à ce prix ?
Pour arriver en Israël en suivant la côte méditerranéenne, il faut passer par la Syrie. Comme ce pays est en guerre, Bernard renonce sagement à le traverser et il prend l’option de prendre le ferry pour Chypre. Et c’est de Larnaka qu’il s’envole pour Tel-Aviv sans son vélo. Il en louera un sur place.
Le 8 novembre, une fois sur le sol israélite, il va visiter tous les lieux dont les noms chantent à ses oreilles de croyant : Bethléem, Nazareth, Cana, Capharnaüm, le mur des lamentations, le lac de Tibériade, la Mer morte, etc.
C’était aussi un choc de constater qu’il était dans un pays en guerre, avec tous les contrôles effectués par la police et l’armée et de longer avec son vélo le mur séparant les Palestiniens des Israélites. Dans ce qui devrait être un lieu de paix, tout est divisé !
Après un périple d’environ 5500 km., il était temps de rentrer au pays, à Cremières, où il a pu mettre son vélo au repos le 23 novembre 2022 avec la satisfaction de pouvoir se dire : je l’ai fait, Dieu merci !