Comment tenir à distance le moustique tigre ?
Présent dans une vingtaine de communes vaudoises, le moustique tigre s’installe durablement dans le canton. L’Etat mise sur la vigilance collective pour freiner sa propagation. Explications.

Le moustique tigre n’est pas un mythe tropical, mais bel et bien une réalité locale. Ce petit insecte noir et blanc de 5 millimètres, originaire d’Asie, s’est confortablement installé dans une vingtaine de communes du canton. Il est désormais considéré comme implanté à Bussigny, Crissier, Lausanne, Nyon, Préverenges, Pully et Vevey. Dans un communiqué, l’Etat mentionne également que des observations uniques ont été faites dans les communes de Bremblens, Commugny, Concise, Corseaux, Curtilles, Epalinges, Lutry, Oron, Penthalaz, Prangins et Trélex.
Mais alors, pourquoi est-il problématique ? D’abord parce que ses piqûres sont particulièrement désagréables et l’insecte a un comportement agressif. Ensuite, parce qu’il est diurne, il n’attend donc pas le coucher du soleil pour s’inviter sur les terrasses, ou dans votre chambre à coucher. De plus, il est plus petit que les moustiques communs et complètement silencieux en vol. Enfin, parce qu’il peut transmettre des maladies comme la dengue, le chikungunya ou le virus Zika, s’il pique une personne infectée, ce qui reste rare en Suisse. Pour finir, le moustique tigre est très difficile à déloger une fois installé.
Eau stagnante = lieu de reproduction
Le moustique tigre pond ses œufs dans de petites quantités d’eau stagnante. Une soucoupe sous un pot de fleurs, un seau laissé dans le jardin, un couvercle retourné rempli d’eau de pluie, autant de nurseries potentielles pour ses larves. L’Etat appelle donc les citoyens à jouer un rôle actif pour freiner sa reproduction. La consigne est simple, éliminer l’eau stagnante autour de chez soi.
Le canton insiste sur la responsabilité collective et lance une nouvelle campagne de sensibilisation. On y trouve des explications, des fiches pratiques et une carte interactive mise à jour en temps réel. En cas de doute ou d’observation suspecte, il est possible de signaler un moustique via la plateforme nationale : www.moustiques-suisse.ch. « Pour l’heure, 239 signalements ont été faits, dont 76 se sont révélés positifs ».
Une surveillance ciblée
Cette année, la Direction générale de la santé et le Service de l’environnement collaborent avec les communes concernées pour renforcer la surveillance. Des pièges pondoirs sont disposés dans les zones à risque pour détecter la présence du moustique et suivre sa progression. L’objectif est d’agir rapidement là où de nouvelles implantations sont suspectées. Mais la lutte est de longue haleine. « On ne pourra sans doute plus éradiquer le moustique tigre du territoire vaudois, mais on peut en limiter les nuisances si tout le monde s’y met », sensibilise le communiqué.
La campagne 2025 a débuté en mai dans les communes touchées et celles présentant un risque d’introduction du moustique tigre (présence potentielle). Lors des campagnes précédentes, plusieurs communes, comme Bourg-en-Lavaux, Trélex et Prilly, ont pu se défaire du moustique tigre : « Ce qui confirme l’utilité et l’efficacité des mesures préventives. »
Il y a six ans, le tigre n’était qu’un invité potentiel
En 2019, le moustique tigre n’avait pas encore posé ses valises dans le canton. « Pour l’heure, aucun moustique tigre n’a été recensé dans le canton, mais il est important d’être conscient de sa probable arrivée », prévenait alors Alexandra N’Goran, médecin spécialiste en épidémiologie à la Direction générale de la santé, dans une interview accordée à notre rédaction.
Le canton de Vaud lançait alors sa première campagne de prévention baptisée « Ne l’invitons pas à l’apéro », avec un message clair : la meilleure défense, c’est la vigilance. A l’époque, quatre communes pilotes (Aigle, Bex, Moudon, Nyon) participaient à une phase d’observation. Des pièges étaient installés et relevés toutes les 3 à 4 semaines pour détecter d’éventuelles larves. Cette surveillance s’intensifiait notamment dans le Chablais, où un cas avait été confirmé à Monthey à l’automne 2019.
Les autorités rappelaient aussi l’importance de consulter un médecin en cas de symptômes fiévreux au retour d’un voyage dans une région touchée par la dengue, le chikungunya ou le Zika. A l’époque, la menace était encore théorique, en 2025, elle est bien réelle.