Cinéma – Un dimanche aux rencontres du 7e art
Depuis le 7 mars et jusqu’au 17 mars, les rencontres du septième art attirent de nombreux grands noms du cinéma dans la salle récemment rénovée du Capitole à Lausanne. Dimanche dernier, le public du festival pouvait ainsi assister à deux entrevues suivies de projections, modérées par le directeur de la cinémathèque Frédéric Maire.
Ruben Ostlund : l’écriture du dilemme
Le réalisateur de Sans filtre, la palme d’or 2022 du festival de Cannes, était présent sur la petite scène du Capitole pour discuter de son œuvre et introduire son film Snow therapy (2014). La rencontre était à l’image de ses longs-métrages : pleine d’humour et de cynisme, sans pour autant être dénuée d’un fin sens de l’observation. Ruben Ostlund a ainsi évoqué ses débuts dans la vidéo de ski, sa découverte de la mise en scène par le biais d’un premier documentaire d’école au sein duquel il a réuni ses parents séparés depuis une dizaine d’années, et comment ses souvenirs personnels ont nourri la scène de l’addition de Sans filtre. Répondant à une question sur son processus créatif, le Suédois a raconté que tous ses films partent d’un dispositif simple, d’un dilemme moral au sein duquel il n’y a pas de bonne solution, pour ensuite être étayé et nourri par des souvenirs. Pitchant son prochain film, il a ainsi demandé au public du capitole de lui écrire si l’histoire raisonnait afin qu’il puisse voler des anecdotes vécues pour étayer son scénario. Dans sa description des repérages qui l’aident à écrire ses films, on comprend ainsi que pour Ruben Ostlund, la fiction n’est qu’une mise en scène de ses observations affûtées du réel et de sa propre mémoire. Même lorsqu’une femme l’interroge sur comment il a écrit la très extrême scène du vomi de Sans filtre, le réalisateur souligne qu’il l’a lui-même vécue sur une croisière de luxe lors de la préparation de son film. Avec emphase, il a ainsi décrit l’intérêt qu’il portait à ceux et celles qui craignent de perdre la face, en citant comme référence une vidéo youtube d’un chauffeur de taxi pris pour un expert internet qui se met, contraint par la situation d’interview dans laquelle il se trouve, à incarner le personnage. Dans cette passion pour les vidéos youtube spontanées qui révèlent l’absurdité de la réalité, on lit encore la trace des premiers pas du réalisateur dans le documentaire qui l’a mené à la fiction.