Cinéma – Scénario broyard pour réalisatrice de Lavaux
Originaire de Bourg-en-Lavaux, Manon Stutz présente son prochain film. Elle et sa coréalisatrice Margaux Fazio se basent sur un livre de Robin Corminboeuf pour évoquer des thèmes qui leurs sont chers.


C’est l’histoire d’un petit village de la Broye fribourgeoise, dans lequel on cultive du tabac. On y suit le personnage de Raphaël, qui travaille dans la ferme de son père aux côtés d’ouvriers polonais. Au soir, alors qu’il surfe sur des sites homosexuels, Raphaël se rend compte qu’un des ouvriers cache également son orientation sexuelle. Le nouveau film de la réalisatrice aragne Manon Stutz et de sa collègue Margaux Fazio est dans sa phase de pré-production. « Un été à M. », c’est une histoire d’acceptation et de recherche de soi. « Raphaël, c’est quelqu’un qui repousse bcp son identité », explique Manon Stutz. « Le fait de rencontrer cette personne va le partager entre deux personnalités : celui qu’il représente avec sa famille et ses amis, et son véritable lui. »
Manon Stutz et Margaux Fazio n’en sont pas à leur coup d’essai. Leur duo a d’ores et déjà un palmarès d’une demi-douzaine de court-métrages. Il y a deux ans, elles en présentaient un au Nikon Film Festival dont le jury collectionne les stars : Alexandre Astier, Jonathan Cohen, François Civil. En environ deux minutes, « Tears Come From Above » raconte le parcours d’un rescapé homosexuel d’Auschwitz, interné pour son orientation sexuelle. Un thème qui revient dans leur nouvel opus, et qui tient à cœur aux deux femmes. « C’est hyper important, encore plus en ce moment, de parler de cette thématique. C’est d’actualité, mais dans le mauvais sens ! Les droits des personnes LGBTQ+ vont et viennent. Ce n’est pas encore ancré. C’est malheureusement encore important de faire ce genre de films. Il y a une montée d’homophobie, avec la montée de la droite. Il faut réancrer certaines valeurs humaines. »
Cette fois, la trame est librement inspirée d’un roman du même nom de l’écrivain fribourgeois Robin Corminboeuf. Pour Manon Stutz, l’adaptation fut comme une évidence, au moment de la lecture. « L’écriture était très cinématographique. On arrivait bien à se plonger dans l’univers. Et puis c’est une histoire très proche de l’auteur, je trouvais l’écriture très sensible. L’environnement de la ferme à tabac m’a aussi marqué, c’est très original et ça apporte beaucoup au récit. A l’image, ça sera très beau. »
Diplômée en 2018 de l’école de cinéma de Lausanne, Manon Stutz est par ailleurs également écrivaine. Après une fiction sur une jeune lausannoise sans domicile fixe, elle sortait en 2024 « Alchimie de la douleur », récit poignant sur le suicide de son père, il y a une dizaine d’année. « J’adore écrire pour la littérature car chaque mot est important et il n’y pas besoin de se restreindre dans les pensées des personnages, dans les descriptions, dans les réflexions. Quand on écrit pour le cinéma, chaque mot doit refléter ce qu’on verra dans le film, c’est une écriture qui utilise le présent et qui va droit au but. Ce sont deux styles très différents qui nous font voyager à leur manière. »
« Un été à M. » est actuellement à la phase de la pré-production. Les deux réalisatrices sont en train de rassembler une équipe de professionnels, de rassembler des fonds auprès de banques, associations et fondations. Le tournage débutera à la mi-août
à Ménières, le village d’enfance de l’auteur du livre.