Cinéma – « L’innocent », ne l’est pas tant
Avec son quatrième film, Louis Garrel parvient à se placer en équilibre entre le tragique et le comique, pour le plus grand plaisir d’un public transi.
Abel l’innocent
Il est à la fois derrière, et devant la caméra, aux côtés de la talentueuse Noémie Merlant, à l’écran notamment l’année passée dans Les Olympiades, et en 2021 dans The Good man. Louis Garrel incarne ici un fils désemparé face à la décision de sa mère de se marier avec un prisonnier à qui elle enseigne le théâtre derrière les barreaux. Autobiographique, la narration de Garrel illustre ainsi la tentative d’un enfant de changer le cours de l’histoire de sa mère. Le personnage est comique, par la résistance perpétuelle qu’il montre au déroulement des choses. A la sortie de prison de beau-papa, il est ainsi convaincu qu’il y aura récidive. En s’associant à sa meilleure amie, il tente ainsi de prévenir le drame qu’il imagine imminent. Le retournement de situation qui s’opère alors est particulièrement comique, et permet de donner à L‘innocent du rebond et de l’émotion.
Jouer le jeu
Louis Garrel dit avoir voulu jouer avec les codes du genre. Il joue tout aussi savamment avec la mise en scène, en faisant jouer à ses personnages des pièces de théâtre voire des sketches utilitaires au sein même du film. Les mots dits dans l’espace du jeu, innocemment prononcés par la distance que confère le rôle en dit ainsi beaucoup sur les personnages qui les incarne, et permet d’entrevoir leurs désirs profonds, notamment dans une scène magistrale d’improvisation à la table d’un restaurant routier. Cette séquence majeure fait passer le public sans ménagement du rire aux larmes, par son rythme aussi soutenu que parfait.
« L’innocent » fiction, Louis Garrel, France, 2022
100’, VF, 6/16 ans
à voir au cinéma d‘Oron, les jeudi 3 et dimanche 6 novembre, à 20h et samedi 5 novembre, à 18h