C’est à lire – Queer de William S. Burroughs
dans vos salles de cinéma et vos bibliothèques

Jonas Montenero et Titouan Menétrey pour le Club de lecture d’Oron | Après la mythique adaptation du Naked Lunch (Le Festin nu) par David Cronenberg en 1991, c’est le réalisateur Luca Guadagnino qui s’est attaqué à l’adaptation cinématographique d’un roman de l’écrivain américain William S. Burroughs. Effectivement, le mois dernier, Queer était à l’affiche dans les salles de cinéma suisses – une excellente occasion de (re)découvrir l’œuvre de William S. Burroughs pour celles et ceux qui ne la connaitraient pas encore.
Beat Generation
Mais qui était William S. Burroughs ? Ce romancier américain, né en 1914 et mort en 1997, est une figure incontournable de la « Beat Generation », ce mouvement littéraire américain de grande ampleur qui a prôné une libération des mœurs face à la société rigide des années 50, avec d’autres auteurs, comme Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Quant à l’écriture de Burroughs, empreinte de drogues hallucinogènes et thèmes socialement tabous, il faut notamment retenir la méthode du « cut up », qui réarrange des fragments de textes pour produire un texte nouveau avec un sens nouveau. Cette méthode, qui a pour but de lâcher l’emprise de la conscience sur le langage, se retrouvera plus tard dans la musique, avec le rock psychédélique et des groupes comme les Beatles (dans lequel nom à juste titre se retrouve le mot « Beat »).
La nouvelle Queer
L’histoire de Queer est fascinante : écrit dans les années 1950 comme une prolongation de la nouvelle Junky, le livre ne sera pourtant publié pour la première fois qu’en 1985. Pendant longtemps, Burroughs refusait même d’envisager la publication de ce récit, redoutant la censure autant que les réactions provoquées par son contenu ouvertement homosexuel.

La courte nouvelle Queer prend place à Mexico City dans les années 40. William Lee, un Américain expatrié alcoolique et accro à l’héroïne, erre de bar en bar, traînant son vide existentiel et sa solitude à la recherche de contact humain. Il développe une fascination amoureuse pour le beau et jeune Eugene Allerton, un ancien de la Navy, qui accepte, un peu passivement, d’avoir des relations sexuelles avec Lee malgré son hétérosexualité. Plus qu’une simple attirance, Lee développe peu à peu une véritable obsession, voire une forme de dépendance envers le jeune homme. Ensemble, ils partent en voyage à travers l’Amérique du Sud dans le but de trouver de l’ayahuasca, une préparation hautement hallucinogène utilisée dans certaines cultures indigènes de la région.