C’est à lire
Miradie
Anne-Frédérique Rochat – Editions Luce Wilquin
Milka | C’est la fin des vacances, on est tous un peu mélancolique, la rentrée approche, la reprise du travail, etc., etc. Mais pas pour tout le monde! J’apprécie cette rentrée parce qu’elle est littéraire d’abord, mais particulièrement parce que j’attends toujours impatiemment le nouveau roman de mon auteure préférée, Anne-Frédérique Rochat. Mais oui, vous la connaissez, parce que je vous en ai parlé à chaque rentrée, à chacun de ses romans, sauf pour le premier peut-être parce que je ne la connaissais pas. Mais là, plus d’excuses, c’est désormais un rendez-vous familier et attendu. «Miradie» est son septième roman, et le plus élaboré peut-être. Bien écrit, comme d’habitude, mais structuré aussi. Le personnage principal, Miradie, travaille dans un hôtel miteux, mène une vie tout à fait banale, entre un meilleur ami qu’elle adore, une tante un peu acariâtre qui habite deux étages plus bas mais en qui elle a une reconnaissance éternelle puisqu’elle s’est occupée d’elle à la mort de ses parents. Un peu ordinaire cette Miradie, qui ne sort pas des clous, parfaite employée, parfaite amie, parfaite nièce. Mais elle a un secret, sa peau s’affine de plus en plus. Elle est certaine qu’un jour, ses os seront à vif. Elle scrute tous les matins ses draps pour trouver des bouts de peau qu’elle ne trouve jamais d’ailleurs. Même son médecin la trouve tout à fait normale physiquement et lui conseille d’aller consulter un psychiatre. Mais cette maladie imaginaire ne serait-elle pas l’expression d’une hypersensibilité psychologique? Rien ne la laisse indifférente, un changement de ton, un air distrait lui font tout de suite penser que l’autre a quelque chose à lui reprocher. Alors quand ce client débarque à sa réception pour lui demander de déloger une araignée de sa chambre, forcément qu’elle ne reste pas insensible à sa vulnérabilité. Et quand il lui offre des fleurs pour la remercier, forcément, ça la touche. Et quand il l’invite à dîner, forcément elle dit oui. Et quand il lui fait comprendre qu’il s’intéresse à son corps, forcément elle dit oui. Parce qu’elle ne sait pas dire non et qu’elle aime faire plaisir aux autres. Elle va s’embarquer dans cette relation qui la comble au début même si leurs rencontres se font au gré des voyages de Monsieur. Mais entre deux, c’est toujours elle qui envoie des sms, qui s’inquiète. Jusqu’au jour où il ne donne plus signe de vie. Elle en bave, elle est malheureuse, et là, son meilleur ami qu’elle avait délaissé n’est plus là pour la réconforter. Elle prend conscience que la barrière entre l’amitié et l’amour est parfois très mince. Elle n’y a peut-être pas pris garde. Elle se rend compte qu’elle s’est coupée de tout, pour n’attendre que lui. Alors que lui ne donne rien. Quand après quelques mois sans nouvelles, il revient la fleur au fusil, que va-t-elle faire? Un très bon roman, qui interroge sur la dépendance affective mais peut-être aussi sur la relation amicale entre un homme et une femme.