Boxe en Lavaux – Le seul sport où l’on se donne des coups en se regardant dans les yeux !

Bertrand Duboux | Dans le monde de violence qui est le nôtre aujourd’hui, la boxe n’apparaît plus désormais comme un sport d’un autre temps. Elle fait même de plus en plus d’adeptes en Suisse, et depuis que les filles s’y sont mises (acceptées au programme olympique lors des JO 2012,
à Londres), les critiques se font moins virulentes et les salles d’entraînement bondées témoignent de cet intérêt nouveau pour un sport de combat qui se veut aussi éducatif.
Certes, il faut faire la différence entre boxe de compétition et boxe loisir, laquelle contribue surtout à entretenir son corps et à améliorer sa technique de self-défense. Mais le virage est pris désormais, et elles sont plus de cinquante filles inscrites à Swiss Boxing sur quelque 840 licenciés, dont 12 en Romandie. Toutes ne sont pas du même niveau, car la pratique exige beaucoup d’assiduité et l’apprentissage est long. Mais certaines sont tout de même parvenues à sortir du lot ces dernières années (Dina Bürger, Sandra Brügger, Anaïs Kistler, Anna Jenni notamment) sans toutefois parvenir à se qualifier pour les JO, alors que chez les professionnelles, la Bernoise Nicole Gross et la Genevoise Ornella Domini ont été sacrées championnes d’Europe.
Idem pour les garçons qui depuis Munich, en 1972, n’ont plus obtenu de ticket olympique ! Leur combat pour retrouver le haut niveau est méritoire mais totalement défavorisé par rapport aux représentants des grandes nations (Russie, USA, Ukraine, Kazakhstan, Cuba, France, Royaume Uni, etc.), beaucoup plus nombreux et pris en charge par l’Etat providence ! Ces privilégiés sont soumis à une sélection naturelle impitoyable et écument les grands tournois, avec plusieurs centaines de combats au compteur. Rien de cela en Suisse, où les sponsors se font rares pour soutenir nos meilleurs combattants, et où la subvention de Swiss Olympic dépend des résultats obtenus sur le plan international, ce qui oblige la fédération à limiter les dépenses !
David contre Goliath
C’est le combat de David contre Goliath pour les boxeurs helvétiques qui ne sont pas dénués de qualités mais pénalisés par des conditions d’entraînement insuffisantes. Certains (le Zurichois Uke Smajli et les Lausannois Adam Messibah et Félix Meier) ont pourtant misé gros ces dernières saisons, mais sans succès hélas, et il n’y a plus que la boxe professionnelle pour leur offrir un avenir, tout en sachant qu’elle est aussi le sport du pauvre en Suisse !
Chez les pros, tout est privé : pas de subvention et de prise en charge de la part de Swiss Boxing, pas de soutiens financiers, trois fois moins d’opportunités de combattre que les amateurs, et des bourses dérisoires qui nécessitent de travailler à côté de la compétition ! Et pourtant, ils sont la carte de visite de la boxe. Mais totalement ignorés par la télévision et les médias en déliquescence, ils n’ont que leur passion pour les pousser à persévérer.
Ce sont pourtant eux qui sont à l’origine de quelques-uns des grands moments du sport suisse : de Fritz Chervet à Yves Studer, en passant par Enrico Scacchia et Mauro Martelli, ils ont réuni les passionnés et marqué les esprits. Sans oublier les Nussbaum, Blaser, Giroud des années 1970-80. Pour les anciens, les souvenirs sont encore bien présents dans les mémoires. Pour les autres, l’occasion est belle de redécouvrir ce milieu particulier, qui véhicule aussi des valeurs de respect et de fair-play dans une ambiance passionnée. C’est d’ailleurs le seul sport où l’on se donne des coups en se regardant dans les yeux !
Pour revivre les émotions d’une soirée de boxe, rendez-vous vendredi 24 octobre prochain à la salle Forestay, à Puidoux, pour une grande première à Lavaux, en souvenir d’Ernest Monnier (1931-2018), vigneron à Grandvaux et triple champion de Suisse amateur (1955-57-58). De quoi passer un moment inoubliable !