Bois – Pourquoi le bois séduit toujours plus les collectivités ?

Le bois est devenu une alternative sérieuse aux énergies fossiles pour le chauffage des bâtiments publics. À Oron, le collège et la caserne des pompiers sont entièrement chauffés grâce à des plaquettes forestières issues des forêts voisines. Cette solution permet de réduire l’empreinte carbone tout en garantissant une autonomie énergétique locale.
Parmi les sources d’énergie disponibles en Suisse romande, le bois figure parmi les plus abordables. Actuellement, le prix des plaquettes forestières oscille entre 6,5 et 7 centimes par kWh, tandis que le mazout et le gaz naturel varient entre 9 et 10 centimes. Contrairement aux énergies fossiles, le bois est considéré comme neutre en CO₂ : qu’il se décompose naturellement en forêt ou qu’il soit brûlé pour produire de la chaleur, il libère la même quantité de dioxyde de carbone. Un argument souvent exploité par le lobby pétrolier pour minimiser les avantages du bois-énergie. Son faible coût, combiné à une énergie grise réduite et une gestion durable des forêts, en fait néanmoins un choix privilégié par de nombreuses communes, d’autant plus qu’il est facturé à l’énergie fournie et non à la quantité nécessaire.
Une gestion durable des forêts
Tout commence dans les forêts du groupement forestier Broye-Jorat. Marc Rod, garde forestier, nous explique que la sélection des arbres à couper est essentielle : « Ces coupes permettent de renouveler les essences de bois et de renforcer nos forêts face au changement climatique ». C’est l’un des avantages de la plaquette forestière : adapter les zones forestières à la hausse des températures. Ce qu’il faut savoir, c’est que les forêts suisses sont recensées en fonction des essences présentes, des maladies et de la présence de coléoptères comme le bostryche. Marc Rod nous montre son smartphone. A l’écran, il sélectionne un périmètre de forêt sous sa responsabilité : « Nous pouvons consulter les recommandations sur les espèces d’arbres à planter afin d’adapter la forêt à l’évolution du climat ». Grâce à une application de la Confédération, les professionnels du domaine forestier peuvent « accompagner » ces changements. « La nature est bien faite et n’aurait pas besoin de l’intervention de l’homme, mais cela prendrait plus de temps, et de nombreux habitants des forêts se retrouveraient en difficulté ». Pour éviter une surexploitation, des plans de gestion forestière définissent la quantité d’arbres pouvant être prélevée dans les forêts publiques. Un inventaire qui est mis à jour tous les dix ans.
En moyenne, le groupement produit entre 11’000 et 12’000 m³ de plaquettes par an. Celles-ci proviennent des coupes d’éclaircie, d’arbres malades ou infestés par les bostryches. Le bois est directement déchiqueté et séché sur place afin de limiter au maximum les transports. Après trois mois passés en forêt, les plaquettes sont acheminées vers la chaufferie du collège d’Oron, où elles sont stockées dans deux fosses souterraines. « Une livraison comprend environ 320 m³ de plaquettes, soit huit bennes de 40 m³ », détaille Charles Crot, responsable d’exploitation du collège.
Une autonomie énergétique locale
Le collège d’Oron, ainsi que la caserne des pompiers, bénéficient de ce système. « Au total, nous consommons environ 1’000 m³ de bois déchiqueté par année », précise Marc Platel, responsable des bâtiments communaux à Oron. Ces deux installations chauffent et produisent de l’eau chaude via un réseau de distribution desservant, d’un côté, les quatre bâtiments du collège d’Oron-la-Ville et de l’autre, trois bâtiments : la caserne, la voirie et la salle de lutte.
Pour garantir une performance optimale, deux chaudières de 250 kW ont été installées : « Une seule chaudière suffit pour chauffer les quatre bâtiments du collège tant que la température extérieure ne descend pas sous les 5 degrés. En cas de panne ou d’entretien, l’autre prend le relais », explique Marc Platel.
Une solution difficile à généraliser chez les particuliers
Si les plaquettes forestières séduisent les collectivités, elles peinent encore à s’imposer chez les particuliers. « Le principal frein reste le coût de l’installation et l’espace de stockage nécessaire », admet Marc Rod. Cependant, l’intérêt pour le bois-énergie grandit. De plus en plus de bâtiments publics se dotent de ce type d’installation, c’est le cas du Tropiquarium à Servion, du collège Gustave-Roux de Carrouge, de ceux de Mézières et de Servion, ainsi que la grande salle de Mézières et de l’auberge.
Actuellement, l’énergie bois permet aussi une meilleure valorisation des forêts locales. « Avant, certains bois étaient bradés ou laissés de côté. Désormais, ils sont intégrés à une économie locale et durable », explique Marc Rod. « Ce bois, qu’il se décompose naturellement en forêt ou qu’il soit consommé par un système de chauffage, dégage la même quantité de CO₂. La différence, c’est que nous le valorisons en produisant de la chaleur. »
La transition énergétique est en marche et, au vu de l’étendue des forêts en Suisse, le bois pourrait bien devenir une pièce maîtresse du chauffage dans le pays. Oron en est un exemple concret, où performance énergétique et gestion durable des forêts vont de pair.