Basketball – Les Pully Lausanne Foxes sur un nuage, et après ?
Après leur victoire face à Nyon le 16 novembre dernier, les Renards sont sur les bons rails et maintiennent la motivation. Une équipe avec des ambitions mais qui ne s’en sortira pas sans davantage de moyens, annonce son entraîneur.
Il a des étoiles dans les yeux quand il repense à ce match. Face à Nyon, Randoald Dessarzin a emmené les Pully Lausanne Foxes à la victoire, 94 à 78. Entre deux leçons de sports au gymnase de Chamblandes, Randoald Dessarzin évoque avec nous les réussites de ses joueurs. Interview.
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance pendant ce match ?
Le rythme. Deux ou trois fois par saison, je me dis : « cette équipe, elle n’est pas coachable, elle n’en a pas besoin ». C’était hyper plaisant, parce qu’ils répondaient, et mis à part deux ou trois adaptations à faire, ça a été quarante minutes de grosse intensité défensive, de jeu rapide. Tout s’est joué dans les premières minutes avec les shoots de Flo Steinmann, et par la suite, il n’y a eu aucun égoïsme sur le parquet, juste une volonté de partager la balle. Finalement, ça montre qu’on a beaucoup de cordes à notre arc et qu’on peut changer de style de jeu selon les absences (ndlr : l’Américain Mickael Marsh était blessé). Et j’espère qu’avec toutes ces cordes, on passera bientôt de la guitare à la harpe.
Quel est votre bilan après deux mois de saison ?
Il est bon ! Cela fait douze ans que je suis là. C’était très prétentieux de ma part de vouloir contribuer à redonner ses lettres de noblesse au basket lausannois. Mais j’ai l’impression que cette fois, nous sommes vraiment sur les bons rails. Malgré les allers-retours, des ascensions, des relégations administratives, le covid, toutes ces choses qui nous ont freinés dans notre élan. Aujourd’hui, beaucoup de choses se mettent en place pour qu’on puisse tenir sur la durée. Mais on est aussi en train de travailler Swiss Basketball au corps pour se sentir mieux aidé. Nous avons une masse salariale extrêmement basse, un budget de club qui devient important parce qu’on a beaucoup investi dans la communication, dans le suivi technique, le mouvement jeunesse, les préparateurs physiques, etc. C’est tout un club qu’on essaie de faire grandir. Swiss Basketball, mais aussi les sponsors : c’est dur de performer comme ça et de s’entendre dire : « Non, nous on met tout au hockey. » C’est une excuse facile, parce que l’un n’empêcherait pas l’autre.
Quelle est votre relation avec le public ?
Il nous suit de plus en plus, mais c’est une base assez fragile. Cela dit, ce n’est pas prétentieux de dire qu’avec Fribourg Olympique, nous sommes l’équipe la plus spectaculaire du championnat. On a un « Human Highlight » en la personne de Dequan Morris, on a Jamal George, Bryan Colon, Flo Steinmann, esthétiquement ce sont des joueurs plaisants à voir. Bien sûr, l’esthétique ne fait pas gagner, mais si on peut continuer de gagner à domicile et présenter du spectacle, ça donne envie d’aller à la salle.
Quelle est votre ambition pour la fin de cette saison ?
Déjà de gagner le prochain match. Chaque jour sa peine. En l’occurrence, le prochain, c’est Neuchâtel, (ndlr : le 30 novembre à l’extérieur) un match clé dans l’optique du top quatre. Qui dit victoire contre Neuchâtel, dit meilleure disposition pour recevoir Massagno (ndlr : le 7 décembre) au niveau de la confiance et du public.
Ensuite, l’ambition c’est de passer dans le top quatre en SBL, ce qui serait une première pour le club.
Où voyez-vous votre équipe dans deux ans ?
J’aimerais la voir jouer pour un titre. Mais il faudra améliorer la structure du club. Il y a un moment, si on n’augmente pas la masse salariale, on n’y arrivera pas. Il y aura forcément des départs. Certains, s’ils sont chez nous depuis plusieurs saisons, c’est par loyauté, pas pour le salaire.
Vous êtes frustré par rapport à ça ?
Quand je me lève le matin, je vois forcément le verre à moitié plein. Mais oui, c’est frustrant de voir tout ce que ça demande pour un match : il faut mettre en place des gradins, une salle, et finalement de s’entendre qu’on ne peut pas venir nous filmer parce que la salle n’est pas vidéogénique. Même si j’adore la Vallée de la Jeunesse, qui reste selon moi une des plus belles salles de Suisse. Mais elle n’est pas à la hauteur des équipements lausannois. On mérite mieux. Des projets existent, peut-être à Beaulieu, c’est en réflexion. Et puis ce qui me fend le cœur, au niveau du club, c’est qu’il y a une centaine de gamins qui sont sur une liste d’attente pour nous rejoindre, parce qu’on n’a pas les équipements. C’est une honte. On doit être capable de se regarder dans le miroir.
Prochain match donc face à Neuchâtel. Comment allez-vous garder le rythme de la dernière rencontre ?
Nous avons d’abord fait un entraînement générique. Il y a eu la pause pour les équipes nationales, donc nous n’avons pas joué ce week-end. Mais dès lundi, nous avons axés plus spécifiquement sur Neuchâtel. C’est une équipe très jeune et très plaisante, mais qui dit jeunesse dit aussi manque de constance, ça peut être l’histoire d’un match.