Balade archéologique – Lousonna : des ruines, un Musée romain, une exposition
Une visite combinée qui se prête fort bien à une excursion familiale, avec enfants et adolescents
Pierre Jeanneret | Aujourd’hui, nous convions les lectrices et lecteurs du Courrier à une balade archéologique toute proche. Pour cela, un petit rappel historique s’impose. En 58 av. J.-C., les Helvètes menés par Divico tentent de s’établir en Gaule. Jules César les en empêche, les écrase à la bataille de Bibracte, massacre une partie d’entre eux et renvoie les autres dans leur terre d’origine. Puis, entre 58 et 52, il mène la sanglante guerre des Gaules, qui se conclut par la capitulation de Vercingétorix à Alésia. En 44, César fonde la Colonia Iulia Equestris qui deviendra Nyon. En 13 av. J.-C., presque toute la Suisse actuelle est sous le contrôle romain. C’est dans ce contexte qu’est fondé, en 15 av. J.-C., le vicus de Lousonna, une petite ville de province qui n’a jamais compté plus de 1500 à 2000 habitants. Elle avait néanmoins son importance commerciale, car située sur les routes menant du Grand-Saint Bernard à Genève et au Rhône et vers Yverdon et le Rhin. Le trafic était surtout lacustre et fluvial, c’est pourquoi la corporation des nautes (bateliers) avait à Lousonna un grand prestige. On peut voir les restes de ce vicus gallo-romain à Vidy. Certes, ces ruines ne sont pas bien spectaculaires ! Ce n’est ni Pompéi, ni Ostia Antica, ni même Aventicum. Il ne reste de la cité antique que des murs et des soubassements ne dépassant guère un mètre de haut. Néanmoins, on en perçoit fort bien le plan en damier. Les ruines de la basilique (un grand édifice rectangulaire non religieux, mais qui servait de bourse et de tribunal) apparaissent clairement. On remarquera aussi la rampe qui permettait de tirer hors de l’eau les bateaux. Un plan d’eau a été aménagé : il permet d’imaginer jusqu’où arrivait alors le lacus lemanus. Au-dessus de celui-ci ont été placés une série de pieux de bois, qui avaient servi à aménager le quai. Ce site a été surtout dégagé en 1964, alors que se déroulaient les travaux de construction de l’Expo nationale et de l’autoroute A1.
Un petit musée mais qui rend bien compte de la vie à l’époque romaine
Puis on ne manquera pas de visiter le Musée romain, à quelques pas des ruines. Il permet d’imaginer tous les aspects de la vie de nos ancêtres gallo-romains. Une fusion s’était en effet opérée entre les civilisations celte et romaine, avec cependant une forte romanisation. Celle-ci a entraîné une nette urbanisation. Les maisons ne furent plus construites en bois, mais en pierre et ciment, et recouvertes des fameuses tuiles « romaines ». Les mœurs culinaires changèrent : on se mit à consommer de l’huile d’olive et le vin remplaça peu à peu l’hydromel des Gaulois. On pimentait les plats avec le garum, une sauce à base de poisson fermenté et salé, qui ressemblait au nuoc-mâm des Vietnamiens. Quant à la religion, tous les dieux celtes, gréco-romains et étrangers étaient admis ! On verra notamment au musée une représentation en bronze d’un sacrifice de taureau à Mithra, une religion d’origine proche-orientale qui eut un temps un énorme succès. Mais aussi des amphores de formes diverses, des instruments chirurgicaux, très proches de ceux que l’on utilise actuellement, des lampes à huile, des bijoux, des flacons à parfum et toutes sortes d’autres objets liés à la vie quotidienne.
Une exposition décapante
Le Musée de Vidy présente régulièrement des expositions très originales. Celle qui a lieu actuellement, et jusqu’au 26 septembre, s’intéresse au temps, du big bang à nos jours. Elle est conçue de façon à la fois instructive et ludique, en faisant appel à la curiosité des visiteurs. On laissera à ceux-ci le plaisir de découvrir le contenu insolite de la dernière salle ! Voilà donc une visite combinée (les ruines, le musée permanent, l’expo) qui se prête fort bien à une excursion familiale, avec enfants et adolescents. Et pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus sur le passé de notre pays, nous recommandons la lecture de l’excellent ouvrage de Laurent Flutsch (le directeur du musée) : L’époque romaine, dans la collection Le savoir suisse, 2005, 135 p.