Au pays des baillis et des ours bernois
Sylvie Demaurex | En ce samedi 23 août 2014, une quarantaine de fidèles et de passionnés de découvertes sont partis, avec quelques minutes de retard mais avec une belle humeur et un pâle petit soleil sur l’autoroute A9. Nous en sortons à Flamatt pour suivre les petites et charmantes routes qui serpentent parmi les collines fribourgo-bernoises. La première halte, celle qui est traditionnellement réservée aux cafés-croissants, sera au château d’Ueberstorf. Là, un paisible et gracieux jardin aux rosiers blancs et aux plantes médicinales donne un ton campagnard et tout en sentiments de sérénité à ce lieu. Plutôt que de passer par l’autoroute jusqu’à l’étape suivante, nous empruntons les lacets qui, par Schwarzbourg, nous guident (après quelques détours imprévus) jusqu’au château d’Oberdiessbach. Ces méandres entre forêts et pâturages nous ont permis d’admirer ces fermes aux grands toits, aux berceaux arrondis au-dessus de fenêtres toutes cachées par d’exubérants géraniums et de jardins potagers soignés avec méticulosité.
On arriva alors à mi-distance de Berne et de Thoune au pied d’une belle allée de grands arbres qui nous laissa entrevoir, tout en haut, les ors d’une majestueuse grille en fer forgé donnant accès à la maison-château de la famille de Watteville (en allemand von Wattenwyl). Le châtelain, Sigmund de Watteville, et son épouse Martine nous attendaient devant la belle grille d’entrée. Là commença la magnifique surprise de découvrir ces nobles lieux. Ce fut tout d’abord une verrée avec du vin familial (le cousin du châtelain possède un domaine viticole à Mont-sur-Rolle) tout en écoutant le passionnant discours de notre guide, plein de détails historiques narrés avec passion et humour. Du jardin, on passe à la salle de réception aux gobelins fraîchement lavés et rénovés, puis à la salle à manger familiale, aux portraits de famille et au superbe poêle en catelle avec un bel écusson aux armes (trois ailes), de la famille. Ensuite, par un large escalier nous atteignons le premier étage et son superbe salon au parquet brillant de ses croisillons de chêne. Mais ce sera surtout le mobilier de style, les portraits patriarcaux, les belles commodes galbées avec leur argenterie, sans oublier la tapisserie en cuir de Cordoue qui nous raviront. Par un petit passage à travers un boudoir, nous accédons enfin dans une pièce merveilleuse, tout en peintures, en médaillons restaurés avec un souci de préserver ces merveilles qu’on ne se lasse pas de contempler et d’y découvrir plein de charmants sujets.
D’Oberdiessbach on sera vite à Thoune et au restaurant qui nous sustentera avec joie d’un menu typique et excellent. La ville de Thoune a la chance d’avoir, en un bâtiment rond dans le parc de Schadau, le fameux Panorama de Wocher. Il s’agit d’une peinture entreprise entre 1809 et 1814 par le peintre bâlois Marquard Wocher, d’une étonnante vue à 360 degrés de la ville de Thoune en cette époque du début du 19e siècle. Elle mesure 7,5 m de haut et 38 m de large (soit environ 285 m²). Travail minutieux avec des perspectives d’un étonnant réalisme. On se dirait face à une vision en 3D d’aujourd’hui. Il faut dire que les travaux de restauration de cette superbe fresque viennent de s’achever avec une perfection remarquable. Les détails de la vie dans les maisons et dans la rue nous replongent dans cette époque qui nous semble avoir été idyllique. Pour la fin, nous nous arrêtons encore pour déguster une bonne bière artisanale à l’ancien dépôt des trams (à vapeur) de la ville de Berne. Une fois notre soif étanchée, nous nous accoudâmes pour regarder les fameux ours et, surtout, admirer la vieille ville de la capitale avec ses toits serrés et ses ruelles descendant vers l’Aar en un apparent désordre enchanteur. Vers 20 heures, chacun avait pu retrouver son chez-soi, plein les yeux et le cœur de ces merveilles croisées durant cette riche journée.