A9 : Le pourquoi du comment des travaux
Pour aider les usagers à comprendre l’envergure du chantier entre Vennes et Chexbres, l’Office fédéral des routes (OFROU) a mis en place une exposition pédagogique sur l’aire de ravitaillement de Lavaux. Sept panneaux explicatifs permettent de se plonger dans les enjeux techniques, environnementaux et humains de ce chantier.

Cette autoroute a été construite il y a 50 ans, avec une approche un peu « après moi le déluge », sourit Olivier Floc’hic, responsable communication à l’OFROU. « Résultat, il nous appartient aujourd’hui d’assurer son entretien, ce qui implique des interventions massives, longues et parfois mal comprises ». D’où l’idée d’un espace d’exposition physique : « Pour que les gens qui s’arrêtent pour un café ou viennent depuis la route cantonale puissent s’informer sur ce qu’on fait ici. »
D’un côté de l’esplanade, les visiteurs découvrent les étapes d’assainissement de ce tronçon de 14 kilomètres, jalonné de dix ponts, quatre tunnels et dix-sept murs de soutènement. « On visualise ce qui a déjà été fait, comme l’assainissement du passage supérieur de la Chenaule à Pully ou des ponts sur la Paudèze », précise Frédéric Rondeau, chef de projet du chantier. Le tout présenté dans l’ordre ouest-est : « Ce qui respecte le sens de circulation et la temporalité du projet. »
L’objectif est aussi de répondre à une question récurrente : Quand est-ce que cela sera terminé ? « Eh bien, jamais » lance Olivier Floc’hic avec une pointe d’humour. « Quand on aura fini, il faudra recommencer au début. C’est cyclique ». La complexité est accentuée par la topographie du tronçon, aux deux chaussées souvent situées à des hauteurs différentes. « D’où la nécessité d’élaborer des systèmes de déviation pour maintenir les deux voies ouvertes », complète Olivier Floc’hic.
Protection de la nature et béton armé
La moitié des panneaux est dédiée aux enjeux environnementaux. Préservation de la faune, protection de l’eau, réduction des impacts… les mesures sont multiples. « Au tunnel du Fonzalet, on a dû sauver des vipères aspics, une espèce sur liste rouge en Suisse », explique Frédéric. A la hauteur de Chexbres, 150 orchidées sauvages ont été déplacées de quelques centaines de mètres, en concertation avec la Direction générale de l’environnement. « Toutes ces opérations ont un coût, on arrive au million de francs environ, mais cela dépend ce que nous incluons dans la protection de l’environnement ».
Et ce n’est pas tout. « On profite des échafaudages pour poser des perchoirs à chauve-souris et à choucas des tours », ajoute Olivier Floc’hic. Plus à l’est, un passage à faune est en construction du côté d’Yvorne. « En Lavaux, la grande faune est moins présente, mais on agit là où c’est pertinent. Chaque décision découle d’analyses menées avec des biologistes, des herpétologues, ou simplement des gens de terrain. Le tout, avec la collaboration de l’Office fédéral de l’environnement », détaille Alexandra Popescu, responsable information et communication.
Eau non filtrée jusque là
Le chantier a également dû s’adapter à la gestion de l’eau, un double enjeu. « Il faut à la fois traiter l’eau utilisée pendant les travaux et celle qui ruisselle sur la chaussée », explique Frédéric. Jusqu’à présent, l’eau de pluie tombant sur l’A9, polluée par les résidus de 60’000 véhicules quotidiens, n’était pas traitée. « Nous avons désormais l’obligation d’installer des systèmes de filtration ». Trois bassins de rétention sont en construction à Chexbres, Belmont et La Croix-sur-Lutry. Un quatrième est prévu à Lausanne. « Selon les sites, ce sont des bassins en béton ou en substrat naturel, avec sable et plantes filtrantes. »
Enfin, l’un des panneaux projette le regard vers l’avenir : celui de la mobilité intelligente et connectée. On y parle de GAGV – la gestion avancée et globale du trafic – une technologie qui pourrait bientôt optimiser la circulation sur les autoroutes helvétiques, où l’idée est de rouler moins vite pour arriver plus vite.
L’exposition est visible gratuitement durant toute la durée du chantier, soit jusqu’en 2032. Ensuite, elle laissera place… à quelques places de parc de plus sur l’aire d’autoroute.