A bâtons rompus …
Pour que le sport ne demeure pas, un élément mineur de la vie
Gérard Bourquenoud | Nous sommes tous d’accord qu’il existe un ordre des valeurs que nul ne conteste. Entre la construction d’une école ou d’une piscine, on choisira l’école. Entre celle d’un hôpital ou d’un stade d’athlétisme permettant de rassembler des milliers de spectateurs, on optera pour l’hôpital. L’esprit passe avant le corps, le moral avant le physique. Et pourtant, une maxime très ancienne veut que l’âme ou l’esprit se trouve plus à l’aise dans un corps sain. C’est le mens sana in corpore sano des anciens. De là nous pourrions tirer la conclusion que les hôpitaux abriteraient deux fois moins de malades si le sport prenait plus de place dans la vie. Sans vouloir pousser des conclusions à l’extrême et pour ne pas sombrer dans l’aberration des citoyens d’une ville vaudoise de 20’000 habitants qui a semble-t-il refusé un nouveau centre de sports. En Gruyère, par contre, toutes les communes ou presque ont passé des paroles aux actes en acceptant cette initiative et réalisation qui sera bénéfique à la jeunesse de toute une région. La population a compris que « le sport est l’art par lequel l’homme se libère de soi-même ? » Et tout naturellement on en vient à penser que l’école primaire néglige un des aspects, modernes, certes, mais important à la formation de chaque être humain. Ne jetons pas la pierre aux enseignants dont le programme ne laisse qu’une place insuffisante pour les sports. Et puis à chacun son métier. L’enseignement de l’arithmétique et de l’instruction civique diffère de celui de l’athlétisme, du ski, de la natation, de la gymnastique ou du football. N’est-il pas primordial de préparer d’abord ceux qui devront ou devraient enseigner le sport ? Il me semble que j’entends votre réponse. A quoi sert de donner à la jeunesse le goût du sport ? Elle en oubliera que le principal est de devenir un homme capable de gagner sa vie et celle de sa famille. De s’intégrer dans la cité humaine pour parvenir, à la fin de sa vie, dans la cité divine. Mais pour gagner sa vie, ne faut-il pas être en bonne santé ? Car sans la santé, on ne fait rien sur cette terre. Et pour bénéficier d’une santé de fer, ne pensez-vous pas que le sport y contribue grandement ? Autant de questions auxquelles des milliers de citoyens n’ont pas pensé en refusant la création d’un centre sportif pour les générations actuelles et futures. Préfèrent-ils que leurs enfants s’adonnent à la drogue et raccourcissent leur vie pour avoir négligé la pratique d’un sport ? Ce qui est certain, c’est que la jeunesse actuelle et future a besoin d’une éducation sportive, donc l’heure est venue d’y penser à nouveau. Et en plus de la rendre encore plus attrayante par des équipements adéquats. Comme le cavalier prépare sa monture et l’aide à aborder et à franchir l’obstacle, le maître qui enseigne le sport amène graduellement son élève devant les difficultés et lui apprend à ne pas renoncer après la première tentative infructueuse. Autre aspect très important de l’éducation sportive, c’est la volonté. N’est-ce pas là une raison pour ne plus considérer le sport comme un élément mineur de la vie ?