« Roud - Burnand: deux visions de la campagne » Zoom avant, zoom arrière
Colette Ramsauer | Une exposition fait la démarche risquée d’un face-à-face entre des images nées de sensibilités radicalement opposées. Dialogue inédit entre les œuvres de deux artistes que rien ne liait si ce n’est leur attachement à la campagne et le fait qu’ils immortalisèrent une époque révolue.
Carrouge et environs
La vision de cette campagne d’antan ne fécondera qu’une partie de l’importante œuvre picturale du cosmopolite Eugène Burnand, alors qu’elle laissera des milliers de clichés photographiques du poète et chasseur d’images Gustave Roud, né un demi-siècle plus tard. Images ramenées de ses promenades dans les environs de Carrouge, entre les années 20 et 70, qu’il développera lui-même et gardera pour la plupart en secret. A Moudon, sont exposées 40 images de l’héritage photographique.
Paysages, portraits de moissonneurs dans les champs, familles endimanchées devant leur habitation, fleurs, fêtes, natures mortes, autoportraits, en dialogue avec les tableaux bucoliques de son aîné Burnand.
Burnand qui capte ses sujets dans une vue d’ensemble. Roud qui zoome sur l’image, sur le temps qui passe dans le Haut-Jorat. Si Burnand a peint des laboureurs à la tâche dans de grands espaces, Roud a figé de son objectif des jeunes moissonneurs torse nu. Fantasmes ou goût pour l’esthétisme. La question reste posée.
Un musée
Eugène Burnand (Moudon 1850 – Paris 1921), parallèlement à une carrière de portraitiste et d’illustrateur en France, se tourne vers l’iconographie rurale, les scènes religieuses et historiques. Vers 1900, ses œuvres sont exposées à Paris et New York. Une œuvre majeure, Pierre et Jean, a rejoint plus tard la collection du Musée d’Orsay. En 1884, il peint Taureau dans les Alpes, œuvre monumentale à voir au musée de Moudon. Eugène Burnand, qui avait un atelier à Seppey, est l’unique peintre romand à qui est dédié un musée dans sa ville natale.
Un sentier
Ecrivain, poète, photographe, traducteur, critique d’art, éditeur, enseignant, Gustave Roud (St-Légier 1897 – Moudon 1976) fut au siècle passé un acteur de la scène culturelle romande. Pour lui rendre hommage, l’Etat de Vaud a décrété 2015 «Année Gustave Roud» donnant lieu à une série d’événements dont l’exposition Roud-Burnand.
Dans les paysages chers au promeneur solitaire, un sentier porte son nom. Il propose une marche en deux boucles de 7 et 10 km. Le parcours débute à son domicile de Carrouge, longe les champs, se faufile dans la forêt, rejoint des lieux qui ont inspiré son œuvre littéraire et photographique. Autre manière de découvrir la campagne du Haut-Jorat qu’ont immortalisée les deux artistes.
«Roud-Burnand:
deux visions de la campagne »
Musée Eugène Burnand,
Château 48, 1510 Moudon
Jusqu’au 29 novembre
Me-sa-di 14h-18h
Brochure « Sentier Gustave Roud » disponible au musée
et à l’office du tourisme à Moudon, Grand-Rue 27