Puidoux – Vers un classement de la tête du lac de Bret
Le canton de Vaud veut classer la partie nord du lac de Bret, située sur la commune de Puidoux, afin de protéger ses milieux naturels remarquables. La mise à l’enquête de ce projet, qui vise à mieux équilibrer la protection de l’environnement et les loisirs, court jusqu’au 19 décembre.


Diane Zinsel | Très peu de plans d’eau présentent encore une ceinture de végétation aquatique à cheval entre la rive et l’eau, soit à la fois de la végétation immergée, une roselière et des nénuphars », explique Catherine Strehler Perrin, cheffe de la division biodiversité et paysage de la Direction générale de l’environnement. C’est le cas de la partie nord du lac de Bret, peu profonde, dans laquelle se sont développées des espèces de plantes spécifiques, qui accueillent pas moins de 22 espèces de libellules (1/4 des espèces en Suisse) et près de 200 oiseaux. Certaines espèces y nichent, comme le Grèbe castagneux ou le Blongios nain, tandis que des migrateurs y font escale, notamment des petits échassiers, comme des bécassines, des chevaliers ou le vanneau huppé. « La conservation de ce site est d’autant plus importante que ce type de milieu est rare dans la région et qu’une grande partie des espèces présentes sont inscrites sur liste rouge au niveau suisse », ajoute-t-elle.
Or, le lac est aussi une destination récréative importante. Pêche, bateaux, paddle : le lac est soumis à des dérangements croissants empêchant les animaux, en particulier les oiseaux, de trouver la quiétude nécessaire à leur reproduction et à leur repos, estime le canton. Ces activités dégradent par ailleurs la végétation immergée et des rives. Déjà inscrit à l’Inventaire des monuments naturels et des sites du canton de Vaud depuis 1983, le lac de Bret est reconnu comme réserve cantonale de faune depuis 1992. Avec le classement de sa rive nord, le canton veut faire un pas supplémentaire qui lui permet d’intensifier la protection des espèces et biotopes rares, mais aussi de réguler les usages du site par le public.
Panneaux prévus
Concrètement, le périmètre de protection obligera les marcheurs qui effectuaient jusqu’ici le tour du lac à s’éloigner de la rive. « C’est dommage de devoir réglementer pour une poignée de personnes qui ne respectent pas les lieux, mais c’est important de protéger la faune et la flore », analyse Daniel Bourloud, municipal en charge notamment du dicastère de l’environnement à Puidoux. Si le classement aboutit, le circuit longera le lac jusqu’au chemin de la Pésottaz, puis s’en éloignera par-dessus la colline. « Il a été décidé de créer, avec l’accord du propriétaire du terrain agricole, un chemin pédestre de copeaux de bois qui permet de réaliser le détour », explique-t-il.
Le classement de la tête du lac de Bret affectera les pêcheurs qui devront à l’avenir exercer leur passion hors du secteur protégé. Il en sera de même des autres activités récréatives qui s’y déroulaient. Mais ils auront toujours à disposition le reste du lac, soit plus de 80 % du site, rappelle Catherine Strehler Perrin. Des panneaux explicatifs sont prévus, complète Daniel Bourloud.
La décision de classement mise à l’enquête publique jusqu’au 19 décembre a été élaborée par les services cantonaux en collaboration avec la commune de Puidoux ainsi qu’avec les principaux acteurs concernés.
Carte d’identité
Le lac de Bret, d’une surface d’une cinquantaine d’hectares, est situé sur la commune de Puidoux, à une altitude de 674 m, entre la Tour de Gourze
et le Mont-Pèlerin. Sa capacité en eau a été augmentée à deux reprises en 1875 et 1918 au moyen d’un barrage. Après avoir été utilisée par la Ville de Lausanne comme source d’énergie pour son funiculaire (l’ancienne « Ficelle » reliant la gare à Ouchy), il sert aujourd’hui de réserve d’eau potable pour l’agglomération Lausanne-Morges. La végétation des rives du nord du lac de Bret constitue la seule vraie roselière de Lavaux et un relais incontestable entre les sites majeurs des Grangettes, au bord du Léman, et de la rive sud du lac de Neuchâtel.


