Ouvrir la main et regarder les petits oiseaux s’envoler
Sortie de l’Amicale des Tioleyres
Samedi 4 octobre, plus d’une cinquantaine de personnes étaient au rendez-vous donné par l’Amicale des Thioleyres et s’est rendue dès 9h à la cabane du Groupe des Amoureux de la Nature en Lavaux (GANaL), au bord du lac de Bret où les attendaient Gilbert Rochat et son équipe, pour pratiquer et expliquer le baguage des oiseaux, son utilité ainsi que l’importance de ce biotope pour les migrateurs.
Météo clémente permettant une nombreuse capture
Déjà quelques petits sachets en toile suspendus à la fenêtre de la cabane immobiles pour certains et gigotants pour d’autres attendaient les visiteurs. Gilbert Rochat et son équipe de bénévoles parmi lesquels Heidi, Carole, René et Anne-Lise qui coud les petits sacs et son mari Olivier, avaient préparé l’accueil. Tôt le matin, des filets avaient été posés des deux côtés du lac et grâce à la météo assez agréable de cette matinée, la récolte était bonne et continuait tandis que notre hôte, aguerri depuis de nombreuses années à cette pratique, avait disposé sur la longue table extérieure, son matériel de pesage, de mesure, ainsi que des bagues de différentes grosseurs en fonction des oiseaux. La secrétaire était prête à noter les informations qui seraient ensuite envoyées par voie électronique et centralisées à la station ornithologique suisse de Sempach.
Importance vitale pour les oiseaux de préserver les biotopes tels que celui du lac de Bret
« Les stations avec des roselières sont rares, dans notre région, il y a celle de Bret, du lac Lussy de Châtel-St-Denis et celle des Grangettes à Villeneuve. Ce sont des zones de tranquillité pour les migrateurs et les semi-migrateurs, qui viennent ici se reposer en sécurité car les chats et les renards n’aiment pas l’eau. Ils y font également le plein de graisse, d’où l’importance de les préserver afin d’éviter de les déranger pendant cette halte. Un petit oiseau dont le poids est d’environ 10g. peut prendre ici env. 5g. de graisse ce qui lui donnera l’énergie suffisante pour faire son voyage jusqu’à la prochaine escale. Il existe une trentaine de stations de baguage en Suisse. Nous baguons entre 1500 et 2000 oiseaux sur des millions qui passent. Ces contrôles nous permettent de tirer la sonnette d’alarme, lorsque nous constatons une diminution pour une espèce. Mais de manière générale, on se réjouit de voir qu’avec les progrès réalisés dans l’agriculture, il y a à nouveau plus d’insectes, donc plus d’oiseaux. Cependant, reste la question de savoir comment sauvegarder les biotopes également en Afrique ? » explique Gilbert Rochat.
Découverte des différents oiseaux
Tout en exhibant une marouette ponctuée du premier sac, il informe qu’en 2024, 200 espèces avaient été recensées : rapaces, canards et petits oiseaux. « Certaines espèces migrent en solitaire de nuit, d’autres telles les hirondelles partent en groupe. Comment se repèrent-ils ? Par les étoiles, les champs magnétiques, mais cela reste encore inexpliqué. Nous constatons que certains passent ici année après années presque jour pour jour. Les migrations reprennent en août, dès que les jours diminuent et continuent jusqu’en novembre. En cas de grosses pluies, lorsque les eaux montent nous devons enlever nos filets. Nos gestes doivent être faits méticuleusement, pour ne pas trop stresser les oiseaux. Le bouvreuil par exemple est cardiaque. Cette année nous avons déjà recensé à ce jour 52 espèces » souligne-il. Après avoir été baguée, pesée la petite marouette ponctuée a été mesurée, puis en soufflant sur son ventre pour écarter le duvet, l’expert a estimé son taux de graisse ainsi que sa musculature. C’est avec précaution dans les mains d’un enfant qu’elle a repris son envol. Le même sort a été réservé à plusieurs pouillot véloces, des rousserolles effarvattes, ces grands migrateurs qui traversent le Sahara, des fauvettes grisettes, un moineau domestique et son cousin friquet, un accenteur mouchet, un rouge-gorge, un bruant des roseaux, une mésange charbonnière et une bleue et finalement est sorti de son petit sac un magnifique martin-pêcheur dans sa livrée bleue, qui a fait l’admiration de tous. Une matinée intéressante et instructive, d’autant plus que le bagueur agrémentait son travail d’intéressantes anecdotes et informations pour le plus grand plaisir de tous. Un grand merci est adressé aux membres du GANaL pour leur accueil et leur disponibilité par l’Amicale des Thioleyres.
« Nous constatons une recrudescence de l’intérêt pour l’ornithologie chez les jeunes » se réjouit Gilbert Rochat, membre fondateur du GANaL, créé il y a 31 ans, avec Marc Gallemann et Lucien Sarbach, qui fabrique les nichoirs. Une association qui compte aujourd’hui quelque 180 membres, dont les projets actuels sont concentrés sur la conservation du lac de Bret, la préservation des habitats des rapaces diurnes et des rapaces nocturnes, ainsi que l’éveil à la nature, en accueillant des classes et des groupes.