La petite histoire des mots
Malfaiteur

L’ex-président français Nicolas Sarkozy ira en prison ! La nouvelle, la semaine dernière, a fait l’effet d’un coup de tonnerre. L’ancien locataire de l’Elysée a été reconnu coupable d’« association de malfaiteurs » dans l’affaire du financement illégal libyen de sa campagne présidentielle de 2007. L’« association de malfaiteurs » est, selon le code pénal français, « un groupement d’individus formé en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes ou délits, punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement ».
Le mot « malfaiteur » désigne une personne qui commet – où dans la cas de Nicolas Sarkozy, qui a eu ou aurait eu l’intention de commettre – des méfaits ou des actes criminels. « Malfaiteur » a de très nombreux synonymes. Jugez plutôt : bandit, voleur, brigand, fripouille, vaurien, truand, scélérat, crapule, filou, escroc, forban, gangster, gredin, malfrat, criminel, tire-laine, apache (désuet), etc. Cette belle abondance témoigne manifestement du fait que la tricherie et la malhonnêteté sont des « valeurs » plutôt communes chez les individus de notre espèce.
A l’opposé, en cherchant les antonymes de « malfaiteur », on ne trouve qu’un seul mot sur le site de référence du Centre national de Ressources textuelles et lexicales (CNRTL) : le substantif « bienfaiteur » (bienfaitrice au féminin) qui désigne un homme (ou une femme) faisant le bien ou du bien. Bien que « malfaitrice » soit reconnu grammaticalement comme le féminin de « malfaiteur », il est souligné que ce terme est très rarement – pour ne pas dire jamais – utilisé dans le langage courant. Est-ce bien utile de se demander pourquoi ?
« Malfaiteur » est attesté dans la langue française dès le XIIe siècle. Ce mot est un dérivé du substantif latin « malefactor » qui désigne un individu « qui fait du mal » ou un être « malfaisant ». Il est issu lui-même du verbe « malefacere » (nuire), composé du mot « male » (mal) et du verbe « facere » (faire). On peut noter que « malfaiteur » existe aussi en italien (malfattore).
Avec la même étymologie, à la même époque, en vieux français, on trouve le verbe « malfaire » qui, de nos jours, n’existe plus qu’à l’infinitif et n’est jamais conjugué. Il signifie « commettre des actions nuisibles ». C’est de ce verbe, utilisé au participe présent, qu’est issu l’adjectif « malfaisant » qui s’applique à un individu haineux ou mal intentionné. Son antonyme est « bienfaisant ».
On termine par cette pertinente et truculente citation du comédien, magicien et auteur américain Robert Orben, très populaire outre-Atlantique, qui nous a quittés il y a un peu plus de 2 ans, à l’âge vénérable de 95 ans : « Les séries policières à la télévision s’arrêtent toujours au bon moment. Juste après que le malfaiteur a été arrêté et juste avant que le juge le remette en liberté »


