Reconnaissance…
Roulée dans la farine par des drones israéliens, puis retournée comme une crêpe par des F35 américains, la Suisse s’isole et boude. Son gouvernement réagit comme un post-ado et retourne dans ses chambres avec la ferme conviction de disparaître au regard du monde.
Mieux ! Elle en remet une couche en restant cloîtrée, ne reconnaissant rien ; ni les erreurs successives et patentées de sa centrale d’achat militaire, ni sa diplomatie inopérante et maladroite, pas même l’Etat de Palestine.
A l’heure où même les dentelières de Bruges reconnaissent leur ouvrage, la Suisse semble considérer que lorsque les mites auront fait leur office, la question ne se posera plus, et que les affaires pourront enfin reprendre.
Visionnaire !
C’est ce que l’on attendrait ad minima de nos dirigeants : une vision à large spectre.
Les appels du pied – j’aurais tendance à chausser d’autres bottes ! – sont pourtant bien là. De nombreux pays, et pas des moindres, se sont joints au concert des nations pour annoncer leur reconnaissance de l’Etat de Palestine à l’ONU cette semaine. Une occasion rêvée pour se fondre dans la meute et passer inaperçu, mais cette fois, la Suisse va plus loin et ne reconnait même plus sa discrétion légendaire. Perte d’identité ?
Les arguments sont pourtant forts. Un premier pas, une claire scission entre Palestine et Hamas, des propositions et conditions en vue du « jour d’après », en lieu et place d’une boucherie quotidienne et impunie.
La reconnaissance n’implique pas le choix d’un camp ou l’autre, au contraire, il présente la table du dialogue. Ce dialogue dont la Suisse des bons offices était si prompte à décorer…
« Trop tôt ! » disent nos visionnaires en chaussant leurs lunettes pour cacher leur honte devant un Etat qui ne sera plus dans une semaine ou deux.
En Suisse, nous ne rêvons pas d’une 6e République, mais la frustration devant ce vide abyssal de positionnement pourrait bien faire trembler Leurs Excellences de Berne.


