La chronique de Denis Pittet
Non aux éoliennes dans les bois du Jorat !

Les bois du Jorat, ce n’est pas rien. Grosses mailles, une zone qui s’étend du nord de Lausanne et d’Epalinges jusqu’à Villars-Tiercelin, voire Villars-Mendraz en direction du nord, Froideville à l’ouest, Montpreveyres et Corcelles-le-Jorat à l’est. Le Jorat est le plus grand massif forestier de plaine en Suisse. Un ensemble de forêts et de clairières, des dizaines de petits chemins, des étangs, une faune remarquable. Le point culminant est à 935 mètres. On y trouve le Flon (les Flon), le Talent et la Menthue. Des dizaines de captages drainent les sources.
Mais le Jorat c’est autre chose aussi : un lieu magique que se sont appropriés les gens depuis plus de 100 ans. Les promeneurs par milliers, les cavaliers, les cyclistes, les VTT. Chacun a son coin, ses habitudes, ses sentiers cachés, ses champignons à trouver, ses animaux à promener. Il y a dejà fort longtemps, la commune de Lausanne, propriétaire largement principal des lieux, a fermé des routes qui peu à peu se sont dégradées mais subsistent un peu comme les ruines d’un château… Des années ont été nécessaires à fixer les règles tacites de la cohabitation, exercice en partie renouvelé depuis et à cause de la création du parc naturel du Jorat, défendu bec et ongles par Lausanne.
Enfin, il y a le Jorat des lieux, comme le Chalet des Enfants, l’Abbaye de Montheron, le golf de Lausanne, les Saugealles et son refuge, le Bambi (le lieu de la plus ancienne course à pieds populaire vaudoise), le chemin des Fontaines, la fontaine de Froideville, la Fontaine des Meules sans oublier les innombrables refuges qui tous ont connu des moments mémorables.
Tout cela risque d’être cassé, bouleversé, massacré par le projet d’implantation de huit éoliennes de 200 mètres de haut. Le canton vient d’accorder le permis de construire et une autorisation de défrichement. Au-delà de la juridicité du débat, au-delà de la volonté pour ne pas dire de l’obstination politique de Lausanne, au-delà du respect du parc naturel voulu par la même Ville et avec un peu de recul, on ne peut que se dire que les bois du Jorat ne méritent pas ces huits mâts qui vont défigurer une région entière et engendrer une monstruosité totale. Il sera trop tard pour hurler lorsque les pemières pâles surgiront au-dessus des cimes des arbres.
Aujourd’hui, le municipal Vert lausannois qui conduit le projet doit se regarder devant son miroir et se poser une seule question : « Est-ce que je veux vraiment cela ? »