La relève de la lutte suisse se donne rendez-vous à Oron
Manifestation sportive, dimanche 24 août, derrière la déchèterie
Ce week-end, Oron-la-Ville accueillera le championnat romand des jeunes lutteurs, réservé aux enfants nés entre 2007 et 2019. Plus qu’une compétition, c’est une fête sportive et populaire où respect, tradition et convivialité se rencontrent au bord des ronds de sciure.

La sciure est prête à voler sur la future place de sport éphémère (derrière la déchèterie). Le dimanche 24 août, la commune accueillera le championnat romand des jeunes lutteurs, un rendez-vous incontournable pour les talents de demain. Les participants, âgés de 6 à 18 ans, viennent de toute la région pour s’affronter sur les ronds de sciure installés pour l’occasion. Pour la commune, il s’agit d’une belle mise en lumière d’un sport profondément enraciné dans la culture suisse.
Si la municipalité d’Oron met la main à la pâte pour la logistique, la gestion des déchets, la signalisation routière et la mise à disposition de tables, l’organisation sportive revient naturellement au club de lutte de la Haute-Broye, dirigé par Stéphane Rogivue, figure bien connue de la discipline dans la région. Son rôle de président est essentiel pour coordonner bénévoles, arbitres et parents, sans qui une telle manifestation ne pourrait voir le jour. Dans son sillage, une nouvelle génération de lutteurs perpétuent la tradition, avec notamment Théo Rogivue, jeune lutteur d’Essertes, qui compte désormais une couronne à son palmarès, obtenue lors de la fête cantonale valaisanne de Savièse le 29 mai 2022. De quoi renforcer encore le lien entre Oron et la lutte suisse.
Une école de vie plus qu’un concours
Pour Daniel Sonnay, municipal et ancien lutteur, ce championnat et ce genre d’épreuve sont plus que de simples concours, ils incarnent un état d’esprit : « C’est un sport qui transmet une sorte de respect. Quand ces jeunes doivent serrer la main à leur combattant, lors de leur arrivée sur le rond de sciure, c’est intimidant. Mais c’est aussi une formidable école de vie ». Selon lui, l’image d’un sport brutal ne correspond pas à la réalité : la lutte suisse repose sur des règles strictes de fair-play. Tout manque de respect peut conduire à une disqualification immédiate.
L’accessibilité de la discipline fait également partie de ses atouts. « C’est l’ancien sport des bergers. Peu de place est nécessaire, quasiment pas d’équipement. Ce qu’il faut, c’est de la motivation et l’envie de s’amuser », explique le municipal. Il rappelle que ce sport, longtemps cantonné à un folklore campagnard, connaît aujourd’hui un regain d’intérêt et attire de plus en plus de jeunes. La notoriété des grandes fêtes de lutte, en particulier la Fête fédérale, a contribué à professionnaliser la discipline. « Aujourd’hui, ce sont de vrais athlètes qu’on retrouve à la Fédérale. Le spectacle est plus impressionnant qu’autrefois, et on sent une préparation physique plus poussée. »
Le championnat romand des jeunes ne fait pas exception à cette tendance et s’inscrit dans une structure bien rodée. Pour bien comprendre, il faut savoir que la lutte suisse est organisée en quatre grandes régions : la Romandie, la Suisse du Nord-Ouest, la Suisse du Nord-Est et la Suisse Centrale. Chacune organise à tour de rôle des fêtes pour permettre aux jeunes de s’affronter, d’apprendre et de progresser. Ces compétitions ne sont pas uniquement destinées à couronner des vainqueurs. Elles servent aussi d’écoles, d’espaces de rencontre et de transmission d’une tradition. Pour les plus jeunes, nés dès 2015, les épreuves se vivent davantage comme une initiation festive que comme un enjeu sportif. Pour les plus grands, proches de la majorité, elles constituent déjà une étape vers les grandes fêtes cantonales, puis, peut-être, vers la Fédérale.
Au-delà du combat, une fête vivante
A Oron, l’enjeu n’est donc pas seulement de voir émerger un futur roi de la sciure. Il s’agit avant tout de partager une ambiance, de transmettre un héritage et de montrer aux nouvelles générations que la lutte suisse reste un sport vivant. Les familles viennent en nombre, les bénévoles s’activent pour préparer la fête et les jeunes, parfois impressionnés, se lancent sur le ring avec un mélange de nervosité et de fierté.
Le choix du site, derrière la déchèterie d’Oron, illustre aussi la capacité d’adaptation de la manifestation. Rappelez-vous, pendant la pandémie, les épreuves avaient été déplacées à la hauteur du parking de la Coop pour des raisons sanitaires. Cette flexibilité témoigne de l’esprit du sport : rester accessible, quelles que soient les conditions.
Pour Daniel Sonnay, la magie de la lutte tient dans cette simplicité. « Il y a trente ans, on disait souvent que les plus costauds gagnaient toujours. Ce n’est plus vrai. Aujourd’hui, on voit des jeunes bien entraînés, qui rivalisent grâce à leur préparation. La lutte suisse attire désormais des sportifs complets, pas seulement des gabarits massifs. Ce qui compte, ce n’est pas seulement de gagner un prix. C’est de se mesurer, d’apprendre le respect de son adversaire, et de repartir grandi. »