Cinéma – Le BaseCamp : Cure de jouvence pour le festival du film de Locarno
Comme chaque année en août, des cinéphiles d’âges confondus affluent au bord du Lac Majeur. Romane Demidoff, née à Genève en 1999, est l’une d’entre-elles·eux. Elle suit le master de scénario de l’écal et de la head, tout en poursuivant son activité de critique de cinéma. Elle prend part cette année au programme BaseCamp – laboratoire artistique né en 2019 sous l’impulsion de Lili Hinstin, qui réunit des jeunes créatifs·ves du monde entier à l’occasion du festival du film de Locarno. Rencontre avec une jeune femme aux casquettes multiples, pour parler de son expérience au sein de cette résidence qui participe grandement au rayonnement du festival de film de Locarno.

Cette année, tu as été choisie pour faire partie de la résidence « BaseCamp ». Est-ce que le séjour est tel que tu l’imaginais ?
J’ai eu la chance d’avoir un accès facilité au BaseCamp par le biais de mon master. J’avais déjà entendu parler de ce programme qui permet à de nombreux·ses jeunes de prendre part au festival, en leur offrant un logement et une accréditation. C’est une belle opportunité, qui se révèle aussi être assez drôle, parce que nous dormons à neuf dans une classe d’école primaire, sur des lits de camp. Une variété d’activités sont proposées à tous·tes, telles que des workshops, des conversations, des performances et des événements lives qui ont attrait tant au cinéma qu’à la musique. Par exemple, le BaseCamp a invité le réalisateur portugais Miguel Gomes à converser avec le Géorgien Alexandre Koberidze. A l’image de ces deux invités, le programme est très international puisqu’il inclut des participants·es du monde entier. J’y ai évidemment rencontré beaucoup de Suisses, mais aussi des artistes venant du Botswana, de Taïwan et du Sahara occidental. C’est une énorme richesse et une grande chance de pouvoir rencontrer toutes ces personnes, réunies par le cinéma.
As-tu le sentiment que faire partie de cette communauté de jeunes créatifs.ves influence ta manière de regarder les films présentés à Locarno ?
Ma manière de regarder les films évolue en permanence. Je ne suis plus la même spectatrice que celle que j’étais à dix-huit ans. Ma formation de scénariste a aussi beaucoup influencé mon regard. Depuis que je suis ce cursus, je suis beaucoup plus attentive à la structure globale d’un film et à l’écriture de ses dialogues, même quand ils sont dans des langues que je ne parle pas. J’ai aussi beaucoup plus conscience des moyens techniques que peut déployer un·e cinéaste pour raconter une histoire. Ce qui est intéressant pour moi dans le fait de faire partie de cette communauté de jeunes créatif·ves, c’est que cela me permet aussi d’entrer dans une forme d’émulation de groupe qui ouvre le débat. C’est dans ce dialogue permanent que je trouve ce qui fait pour moi tout le sel du festival.
Suis-tu un programme en particulier ? A quoi ressemblent tes journées ici ?
Mes journées sont rythmées par mon envie de voir le plus de films possibles ! En festival, on a toujours peur de manquer des films qui ne sortiront peut-être jamais en salles. Cette année, je me suis évidemment intéressée aux films du concours international, mais mon intérêt s’est aussi porté sur la compétition de court-métrages, puisque le format court est celui qui est enseigné dans les écoles de cinéma. Dans la compétition « Cinéastes du présent », qui met en avant des premiers et deuxièmes long-métrages, j’ai découvert le film « Blue Heron » de la réalisatrice hongro-canadienne Sophy Romvari, que j’ai particulièrement apprécié. C’est un film très délicat et poignant, dans lequel la cinéaste scrute ses souvenirs de famille pour tenter de comprendre la vie tourmentée de son frère.