Pully – « Le rang hiérarchique n’est pas un pouvoir, c’est un devoir »
Après le départ à la retraite de Philippe Steiner qui a occupé la fonction treize ans durant, Sébastien Cornuz a été nommé secrétaire municipal à la Ville de Pully. Un poste où il pourra poursuivre ce qui le motive : créer du lien et gérer l’humain.

Changer de vie professionnelle, il en a l’habitude. A 25 ans, après un apprentissage d’électricien qui ne le passionne pas et un passage dans l’informatique, premier choc de trajectoire : Sébastien Cornuz abandonne les serveurs pour passer au costume-cravate du gérant immobilier. Aucun bagage, juste l’envie. En quelques années, il décroche un brevet fédéral et grimpe les échelons. Puis, nouvelle bascule à 34 ans : il quitte le privé pour le service public. « C’est mon deuxième grand virage » dit-il. A la commune de Pully, il se voit confier la Direction des domaines, gérance et du sport (DDGS). Avec, en prime, la gestion des lieux de son enfance, lui qui a grandi et toujours vécu dans la commune : la plage, la vigne, la forêt. Il n’y croit pas trop en postulant. Mais le 1er janvier 2014, il entre en fonction et y restera onze ans.
« A la tête de la DDGS, j’ai pu développer ce que j’avais découvert dans l’immobilier, la conduite humaine. J’ai souffert sous le management de certains, mais j’ai appris ce que personne d’autre ne m’aurait appris. » Depuis, il se forme : neuromanagement, CAS en management entrepreneurial, notamment.
Il en est convaincu : le moteur, c’est le collectif. Il permet de construire des équipes solides, soudées, passionnées. « A la DDGS, mes collègues répondent présents même un samedi ou un dimanche quand c’est nécessaire. J’y ai découvert des compétences et un engagement extraordinaires ». Dans son rôle de chef de service, il prône un management qui inverse les rôles : « Le rang hiérarchique, ce n’est pas un pouvoir, c’est un devoir. » C’est dans cet esprit qu’il a engagé, il y a trois ans, la DDGS comme service pilote sur le projet de mise en place d’un entretien annuel collectif où les équipes évaluent également leur hiérarchie. Il se veut le tenant de cette ligne managériale qu’il associe à sa commune-employeur : moderne, participative, humaine, où l’on a envie de venir travailler.
Continuité plutôt que virage
« Devenir secrétaire municipal à 45 ans, ce n’est pas un nouveau virage, poursuit celui qui assume la fonction depuis le 1er juillet dernier, mais la continuité de ce que j’ai fait jusque-là, tout en sortant de ma zone de confort. Et avec un autre levier : la transversalité. Je crois en une administration plus décloisonnée, où l’on crée des synergies plutôt que des silos. L’excellente entente existant déjà entre les chefs de service nous permettra d’aller plus loin dans ce sens. »
A Pully, outre son rôle de coordinateur et de premier collaborateur de la Municipalité que la loi lui attribue, le secrétaire municipal supervise les entités communication, affaires juridiques, greffe, office de la population et affaires culturelles et ses six institutions (L’Octogone, le Musée d’art, Archéolab, le Théâtre de la Voirie, la Muette et la bibliothèque communale). Au total une cinquantaine de personnes.
Avec les élections communales qui auront lieu au printemps prochain, le risque existe que l’environnement aujourd’hui connu change fortement. Or, on le sait, la relation entre le secrétaire municipal et l’exécutif, en particulier son syndic, est primordiale pour que l’ensemble de la boutique fonctionne. « Si quelqu’un ne veut pas travailler avec moi, j’en prendrai acte. Mais je suis prêt : à dialoguer, à soutenir, à embarquer. »
« C’est là l’autre facette de l’engagement, explique Sébastien Cornuz : donner envie. Envie aux collaborateurs de s’investir. Envie aux candidats de postuler. Envie de servir une vision claire, durable, engagée. Même si, indéniablement, l’administration est sous pression du Conseil communal et de la population. Elle doit démontrer son efficience, affronter les défis du recrutement, de la cyberadministration, de l’intelligence artificielle. » Mais Sébastien Cornuz croit aux réponses collectives. C’est ce qui le porte.
Le sport : passion publique et cœur battant
Pado | A la tête de la DDGS, le sport, c’était pour lui « la cerise sur le gâteau ». Mais pas une cerise décorative : un levier d’action, une vitrine sociale, un réservoir d’énergie. Vingt clubs, plus de 3600 licenciés, dont plus de la moitié résidents pulliérans. « Le sport ici, ce sont des bénévoles, des formateurs, des passionnés. Un jeune à l’entraînement, c’est un jeune qui ne fait pas le crétin dans la rue », glisse-t-il, convaincu.
En onze ans, sous la houlette de la municipale Lydia Masmejan, le service a mis en place une véritable politique sportive conforme à ce qui fait la particularité de la commune : le soutien aux clubs formateurs avec la rénovation de terrains, le soutien au basket d’élite, à la voile, au tennis, au rink-hockey, et à l’émergence d’un club de volley ou de pétanque. « Malgré des finances tendues, la gratuité des infrastructures a été maintenue – entretien, nettoyage, électricité compris. De même que les subventions directes, jusqu’à 185’000 francs par an », détaille Sébastien Cornuz.
Un travail qui a été couronné par la création toute récente d’un poste de déléguée au sport, voulu par la Municipalité. « Une professionnelle qui arrive le 11 août, avec pour mission, notamment, de piloter un plan directeur des sports et d’intégrer la thématique dans les grands projets urbanistiques ». Pour l’ex-responsable de la DDGS, c’est l’assurance que le sport gardera sa place centrale.
Et puis, il y a le rink-hockey. Son sport. « Il coule dans mes veines ». Vitesse, technique, intelligence de jeu. Il l’a pratiqué, il l’a transmis et il continue à le soutenir. Pas par favoritisme, mais parce qu’il incarne ces pratiques peu médiatiques qu’une commune doit aider à exister. « Quelle fierté de voir des joueurs que j’ai entraînés avec Jean-François Hugonnet, l’actuel président du Pully RHC, et avec lesquels nous avons obtenu un titre de champion suisse juniors , jouer en LNA aujourd’hui ! »