Exposition – Moudon c’est vachement bien !
Les deux musées de la cité broyarde se sont associés pour décliner le bovidé sous toutes ses formes.
Commençons la visite par le musée consacré à Eugène Burnand (1850-1921). Ce peintre vaudois connut un immense succès. Son Taureau dans les Alpes obtint même une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1889. Il faut dire que la vache était devenue une sorte d’emblème iconique de la Suisse (le taureau figure d’ailleurs sur le drapeau du canton d’Uri), tout comme le chalet, surreprésenté à l’Exposition nationale de Genève en 1896. Adepte du naturalisme en art, Burnand a peint des scènes rurales sur des toiles de très grands formats, traditionnellement réservés à la peinture d’histoire. Il présente une vie paysanne un peu idéalisée, alors que son époque voyait l’agriculture et l’élevage décliner au profit de l’industrie et de la société urbaine. La représentation des vaches tient une place importante dans son œuvre. Burnand avait le souci du détail. Ainsi, lorsque sa toile Le labour dans le Jorat brûla, il la reproduisit à l’identique, au poil près des bovins… Si sa peinture est strictement figurative et un peu passéiste, l’artiste témoigne d’une remarquable maîtrise du dessin, du pastel et de la peinture à l’huile. Bien représentatifs de son œuvre, les tableaux L’abreuvoir (1895) et Le repos des laboureurs (1888). Ils nous touchent encore par l’évocation paisible de la vie d’autrefois dans nos campagnes vaudoises. On découvre que la publicité pour les produits laitiers (notamment de Nestlé) s’est rapidement inspirée des tableaux de Burnand. Dans un tout autre genre, on peut voir quelques exemplaires de la collection de « botte-cul » servant à la traite, rassemblés par Pierre Keller ancien directeur de l’ECAL, et conçus d’une manière résolument moderne, voire futuriste et souvent drôle par des étudiants de cette école d’art. Une manière d’honorer un objet traditionnel qui a disparu avec l’introduction des trayeuses automatiques.
Puis on passera au Musée du Vieux-Moudon qui, dans la maison de Rochefort bâtie entre la fin du XVIe et le XVIIIe siècles, jouxte le premier. Une partie de ses salles est consacrée au thème de la vache, abordé ici de manière plus didactique et scientifique. On y apprend tout sur l’élevage bovin au cours des temps, sur le système digestif des ruminants, sur la valorisation des produits laitiers.
Et on profitera de sa présence en ces lieux pour découvrir l’ensemble de ce très intéressant musée régional, où les objets sont bien présentés. Outre la reconstitution d’un cabinet de notaire, d’une table à manger bourgeoise avec sa vaisselle, ou encore d’une cuisine à bois, le musée montre quantité d’outils et d’objets de la vie de tous les jours dont on avait perdu le souvenir. Fléaux pour battre le blé, jougs des bœufs et chevaux, appareil à barater le beurre, landaus pour bébés aux roues en fer, outils du forgeron ou du charpentier, belles enseignes métalliques de cafés, tous les aspects de la vie d’autrefois sont évoqués. Nous invitons donc vivement les parents et grands-parents à visiter avec les enfants l’exposition, et l’ensemble du musée. Ils y trouveront du plaisir et y apprendront beaucoup de choses sur un monde disparu qui n’était pas encore celui du
téléphone mobile… Sans parler des vieilles rues médiévales de Moudon, qui ont beaucoup de charme. Tout cela offre un beau but d’excursion pendant les vacances scolaires.
« Amour vache. A la vie, à la mort », Musées de Moudon, jusqu’au 26 octobre