Hommage – Michel Haldy (1936 – 2025)

Philippe Leuba Conseiller d’Etat honoraire | En cette fin juin s’en est allé Michel Haldy… et, avec lui, une certaine conception des institutions et de la politique. Député de Lausanne au début des années 60, puis de Lavaux plus d’une décennie plus tard, conseiller communal puis municipal à Pully, il a assumé, comme d’autres, plusieurs mandats à l’échelon communal et cantonal. Là n’était pas sa spécificité.
Fédéraliste intransigeant, farouchement indépendant (y compris, parfois, à l’égard de son propre parti politique), dépourvu de toute ambition personnelle, il n’avait devant les yeux que le bien du Canton. Dans un monde qui effleure tout et n’approfondit rien, selon le mot sublime – hélas, plus actuel que jamais – de Marmontel, Michel Haldy n’avait cure des modes politiques aussi fugaces qu’inconsistantes. Viscéralement libéral, il avait le souci constant de travailler avec les radicaux et les agrariens au sein de l’Entente vaudoise comme avec les associations économiques.
A la fin des années 90, en y associant les députés radical Luc-Etienne Rossier et agrarien Adrien Streit, il avait saisi le Parlement cantonal d’un projet de révision totale de la loi d’impôt – projet complétement rédigé…, fait exceptionnel dans l’histoire parlementaire récente. Cette initiative législative, d’une rare cohérence, était le fruit d’un travail de longue haleine auquel furent associés le Centre patronal, la CVCI et la CVI. Le Conseil d’Etat de l’époque avait peu goûté… cette témérité, pourtant visionnaire !
Adversaire de la proportionnelle parce que favorisant les partis au détriment des personnalités, contestant le bien fondé du Conseil national puisque trop peu fédéraliste, Michel Haldy a, pour ces raisons, refusé tout au long de sa vie de se porter candidat à la chambre basse ; convaincu que la fidélité à ses convictions était, de loin, préférable à une carrière fût-elle fédérale…
Doté d’une connaissance historique peu commune, d’une culture qui appartenait plus aux salons du XVIIIe qu’aux réseaux sociaux d’aujourd’hui, Michel Haldy laissera, pour tous ceux qui ont eu la chance de le connaître une trace indélébile. Il incarnait la plus noble manière de faire de la politique.
Que sa femme Monique, son fils Jacques – ancien député, lui aussi – et sa petite-fille Marine trouvent ici l’expression, bien insuffisante, de la dette que beaucoup, dont le soussigné, avons à l’égard de Michel Haldy.