La chronique de Denis Pittet
Au revoir, Président !

Il y a huit jours, mercredi 26 février dernier, le tout Lausanne, le tout Vaud et la Suisse – politiques et sportifs – étaient réunis à l’Ecole Hôtelière de Lausanne pour dire au revoir au Président sortant du CIO, Thomas Bach. Remise de la médaille d’or de la Ville de Lausanne et du Mérite cantonal vaudois. Une très jolie cérémonie, empreinte de respect, d’amitié, sans chichi superflu ni discours ronflants vides de sens. Dans ce genre d’occasion, inutile de chercher un scoop ou une nouvelle fracassante, tout le monde est dans son rôle et c’est très bien ainsi. On relèvera juste et sans ordre protocolaire le bon mot du conseiller fédéral Guy Parmelin qui, parodiant la devise olympique « Citius, Altius, Fortius » a rappelé que la retraite venue, c’était désormais plutôt « moins vite, moins haut et moins fort » … et que « le sportif de canapé entrait en catégorie élite ». Bach n’a pas bronché et affirmé qu’il était hors de question pour lui de rester inactif dès le 23 juin prochain, date où son successeur entrera en fonction. Le président sortant a même « menacé » l’assemblée en affirmant « Je reviendrai » (à Lausanne et dans le canton) et commis une entorse sympathique à son devoir de réserve en avouant qu’il était devenu un très grand fan du LHC !
Tout cela est bel et bon. Dans exactement deux semaines, le 20 mars, son successeur sera élu lors de la 144e session du CIO qui se tiendra à Costa Navarino, en Grèce, à quelques dizaines de kilomètres d’Olympie. Evidemment, la semaine dernière, la seule question ou presque qui était sur toutes les lèvres à l’EHL était « Qui va succéder à Thomas Bach ? ». Les initiés le disent désormais, deux noms sont mis en avant : Sebastian Coe et Juan Antonio Samaranch junior, fils de qui vous savez. Et un outsider, David Lappartient. Cela dit et bien dit, rien n’est plus aléatoire que cette élection qui, on ne le redira jamais assez, n’est que le fait et l’unique fait des 109 membres du CIO. Tout peut arriver. Si on devait simplifier au maximum les qualités et défauts des deux favoris, on dirait que Coe est peut-être un brin remuant et que Samaranch junior rassure. Il se dit aussi que Thomas Bach a clairement diminué le rôle des membres du CIO. A ce propos, un retour de bâton n’est pas exclu et si c’est le cas, alors Samaranch junior a le vent en poupe.
Tout le monde le sait aujourd’hui, la Suisse est entrée en dialogue privilégié avec le CIO pour l’organisation des JO d’hiver de 2038, ce jusqu’à fin 2027. Une conséquence de l’agenda 2020 adopté en décembre 2014 à Monaco. Interrogé par la RTS, Thomas Bach a encore fait une entorse à son devoir de réserve en disant qu’il aurait « très, très grand plaisir » à ce que la Suisse organise les JO. Mais il s’en va. Dès lors, on comprend qu’en dehors de savoir qui sera le successeur, la question plus importante encore est d’apprécier comment le nouveau Président entrera en relation avec la Suisse, d’abord comme pays hôte du siège et ensuite comme pays candidat. Et cela, c’est du lourd. Du très lourd. Il se dit – toujours chez les initiés – que si le Français Lappartient était élu, alors les pressions de l’Elysée sur lui pour rapatrier le siège du CIO à Paris seraient immenses. On verra.
Avant de partir, Thomas Bach a encore dit une chose capitale : ce que le CIO désire, c’est qu’un futur pays hôte démontre « que les gens veulent les Jeux ». Quand on voit l’incroyable écho que les skieurs suisses ont engendré par leurs magnifiques victoires à Saalbach, on voit mal pourquoi on rechignerait à créer le même engouement et la même fierté en Suisse en 2038 avec des JO que notre Pays saurait organiser sans aucun doute.