Votations du 9 février
Responsabilité environnementale : le face à face
N’utiliser que des ressources et émettre des polluants uniquement dans la mesure ou les bases naturelles de la vie sont conservées, voici ce que demande l’initiative « Pour la responsabilité environnementale », lancée par les Jeunes Verts sur laquelle le peuple suisse se prononcera le 9 février prochain. Face à face.
Concrètement, l’initiative demande la mise en place d’un délai de dix ans, au terme duquel «l’impact environnemental dû à la consommation de la Suisse ne devra plus dépasser les limites planétaires». Une argumentation faible et dangereuse, selon les partis bourgeois. Philippe Lörstcher des Jeunes Libéraux Radicaux Vaudois et Théodore Savary des Jeune.s Vert.e.s vaudois.e.s, exposent leurs arguments.

Théodore Savary, pourquoi voter oui à cette initiative ?
Avec cette initiative, on veut inscrire les limites planétaires dans la Constitution. Actuellement, on dépasse cinq de ces neuf limites, et à ce rythme, on fonce vers des crises environnementales multiples. Plus on dépasse les limites planétaires, plus on dégrade les fondements même de la vie sur Terre. Si on n’agit pas pour faire face aux crises, notamment climatique, on sait qu’on va droit dans le mur. Ces catastrophes, on peut encore les éviter.
Que répondez-vous aux opposants qui argumentent qu’il n’y aura plus assez de ressources disponibles en Suisse ?
On propose justement de gérer nos ressources de manière à éviter d’en manquer. Chaque année, on consomme plus que ce que la planète peut renouveler. On hypothèque notre avenir. A trop puiser dans des ressources finies, on finit par toucher le fond. Et alors ce n’est pas à une simple crise économique qu’on va faire face, mais à une crise existentielle. Repousser l’action par peur du changement, c’est sacrifier les personnes qui subissent déjà les conséquences des crises environnementales et les jeunes générations. C’est tout simplement inacceptable.
Vous êtes optimiste quant aux résultats du 9 février ?
On sait qu’on propose un objectif ambitieux – parce qu’on a besoin d’un changement radical en tant que société. On n’est pas prêts à baisser les bras et on espère que le peuple non plus. Le 9 février, on peut prendre nos responsabilités et préparer l’avenir avec courage.

Philippe Lörtscher, pourquoi voter non à cette initiative ?
Le délai de mise en œuvre prévu par cette initiative est de dix ans. On estime que c’est beaucoup trop court, que c’est irréaliste. Les contraintes qui sont mises sur l’économie et la population sont beaucoup trop importantes. On privilégie les mécanismes qui existent déjà pour la protection de l’environnement, comme par exemple la décision de sortir des énergies fossiles d’ici à 2050, ou les mesures de protection de la biodiversité, qui portent déjà leurs fruits. Alors nous essayons de faire passer le message via les réseaux sociaux mais aussi avec des rencontres avec les acteurs principalement concernés : les agriculteurs.
Pourquoi cette initiative met en danger les agriculteurs ?
Il y a un ras-le-bol entre les agriculteurs qui essaient d’appliquer les contraintes qui leurs sont imposées par Berne. Et de l’autre côté, une population un peu plus citadine, sensible à d’autres thématiques et qui essaie d’imposer sa vision de ce que devrait être l’agriculture. Le dialogue ne fonctionne plus entre ces deux populations.
Vous êtes optimiste quant au résultat le 9 février ?
Actuellement les sondages sont en défaveur de l’initiative, je ne me fais pas d’illusion. Mais en cas d’acceptation, ça aura des conséquences drastiques sur le niveau de vie de tout le monde. Je ne pense pas que ça soit la piste à suivre pour concilier le niveau de vie qu’on a, et d’autre part la protection de l’environnement.