Opinion – Loi sur la chasse : NON !

Josée Martin, Présidente des Vert.e.s de Lavaux-Oron
Le 27 septembre, le peuple se prononcera sur une loi destinée à faciliter le tir préventif permettant de réguler les espèces protégées dans notre pays.
L’objectif initial de cette loi était pourtant de favoriser une meilleure cohabitation avec les loups. Or les décisions du Parlement ont débouché sur un affaiblissement notable de la protection du loup et, plus généralement, de celle d’autres espèces. Au fil des débats parlementaires, le projet de loi a dérapé au profit de modifications qui font de tout animal protégé une cible potentielle. On pourra notamment abattre des animaux appartenant à des espèces protégées sans même qu’ils aient réellement causé des dégâts, et les pourchasser jusque dans des zones de protection de la faune.
Parlons du loup
Le loup est directement concerné par la nouvelle loi sur la chasse. La législation actuelle permet déjà d’abattre les loups présentant un réel danger et ces abattages se font déjà. Avec la nouvelle loi, il sera possible d’abattre préventivement des animaux sauvages n’ayant causé aucun dégât et plus seulement en cas d’attaque.
L’an passé, quelque 80 loups étaient recensés en Suisse. Ceux-ci attaquent 90% de leurs proies dans des troupeaux qui ne sont pas assez protégés. Ils tuent par an entre 350 et 500 moutons et chèvres, alors que, dans le même temps, 4200 ovins périssent de causes naturelles.
Les animaux sauvages sont nécessaires
Les grands prédateurs jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire, et leur présence évite que des espèces comme les cerfs, chevreuils ou sangliers ne pullulent, avec les dégâts qu’on connaît ensuite pour les forêts ou les champs. Une cohabitation entre loups, lynx, ours et humains est tout à fait possible, et des solutions efficaces existent pour protéger les troupeaux. Plutôt que de menacer durablement notre biodiversité avec une loi extrême, la Confédération aurait mieux à faire en promouvant activement ces solutions…
La loi menace non seulement le loup mais le lynx ou l’ours, et de nombreuses autres espèces comme le castor, le héron cendré ou le cygne. Avec ce nouveau texte, le Conseil fédéral pourrait élargir par ordonnances, quand il le souhaite et sans que le Parlement ou le peuple n’aient leur mot à dire, la liste des animaux protégés qui peuvent être chassés. Les débats qui ont eu lieu aux Chambres fédérales l’an passé ont montré qu’il existe des velléités d’y faire figurer, avec le temps, bien d’autres espèces pourtant fragiles. De plus, cette nouvelle loi ne protège toujours pas des espèces menacées comme les tétras-lyres ou les lièvres sauvages.
A un moment où l’on assiste à l’extinction massive de beaucoup d’espèces à l’échelle suisse et planétaire, il est absurde d’affaiblir ainsi la biodiversité. Les animaux sauvages se régulent naturellement en fonction de la nourriture et de l’espace à disposition. Ce processus est d’ailleurs bénéfique pour les surfaces boisées: en l’absence de prédateurs, les ongulés se développent et s’attaquent excessivement aux jeunes pousses, ce qui met en péril le renouvellement de nos forêts.
Que faire ?
Si l’on veut améliorer la cohabitation entre animaux sauvages et animaux de rente (moutons, chèvres, etc.), motivons et soutenons davantage les éleveurs à protéger les troupeaux. C’est cela, la véritable prévention, pas l’abattage pur et simple d’animaux protégés, qui font partie de notre faune et de la richesse du terroir helvétique.
Il est temps d’admettre que tout affaiblissement de la biodiversité est négatif pour nous les humains et pour la planète !
En conclusion, votons NON à la révision de la loi sur la chasse le 27 septembre.
Josée Martin,
Présidente des Vert.e.s de Lavaux-Oron