Pandémie – Séparés ou à bonne distance, mais ensemble !
Conséquences et impacts inattendus

Georges Pop | Journal de proximité par vocation, Le Courrier accompagne ses lecteurs depuis 1951, année de sa naissance. Il n’a jamais failli à sa mission qui consiste à créer du lien entre les habitants de ce coin de pays, à rendre compte de tout ce qui fait la vie et le quotidien de notre communauté pour mettre en lumière la somme des moments qui nous rassemblent et parfois nous divisent, dans notre diversité. Aujourd’hui, face à une situation sans précédent, devant une épidémie qui alarme chacune et chacun d’entre nous, se propage et affaiblit, voire brise les attaches sociales parfois jusqu’au sein des familles, la petite équipe du Courrier entend rester à vos côtés. Malgré les difficultés du moment, en dépit du ralentissement de toutes les activités constitutives d’une société en marche, votre journal se doit d’être, à sa si modeste échelle, un rempart contre les rumeurs, la solitude et la séparation que nous impose la pandémie qui nous assiège. L’ennemi est effrayant car il est invisible, imperceptible ! Il peut pernicieusement se tapir sur la poignée d’une porte, sur le clavier partagé d’un lieu travail, dans la main d’un ami ou d’un parent, sur les lèvres d’un être cher ou le toussotement d’un adolescent inconscient du danger. Il se propage sans être vu et transpire là où on ne l’attend pas. Il commande la distance, tantôt aussi l’isolement et la séparation. Il épargne, certes, le plus grand nombre de ses proies qui en réchappe, mais il prélève aujourd’hui et prélèvera demain encore un trop lourd tribut de vies humaines, surtout parmi les plus faibles. Face à ce péril, les autorités politiques et sanitaires ont pris les mesures qui s’imposaient : fermeture des écoles et de nombreux lieux publics, contrôles accrus aux frontières, interdiction des rassemblements, appels à la prudence, incitations à des mesures d’hygiène préventives et réorganisation dans l’urgence de toutes les structures hospitalières pour faire face à l’assaut inéluctable d’un mal qui sème aveuglément son poison. Tous les habitants de ce pays sont appelés à s’enrôler dans cette guerre sans merci contre le virus, chaque désertion, chaque indifférence, chaque négligence ne pouvant que faire reculer le jour de la reconquête de notre quotidien et de notre sécurité individuelle et collective. Dans cet environnement angoissant, ce climat renfrogné et cette situation inédite dans les annales récentes de notre pays et de notre région, Le Courrier se voit aujourd’hui privé de la substance même de sa mission : rapporter, semaine après semaine, tous ces moments vécus ensemble qui contribuent à faire de nous des êtres sociaux ouverts à la rencontre, à l’échange, au partage et au plaisir de se réunir. Pour une durée qu’il est impossible d’anticiper, toutes les activités communautaires sont désormais suspendues : plus de réunions associatives, d’assemblées politiques, d’activités culturelles ou sportives ; plus de grandes fêtes publiques ou privées, plus de manifestations pour se croiser, se reconnaître, sympathiser et se parler au gré des occasions, sans appréhension. La liste des événements annulés pour cause de coronavirus est impressionnante et les conséquences souvent coûteuses, voire ruineuses pour les organisateurs et nombre d’entreprises. Faute de substance à traiter, à défaut d’évènements à couvrir et par absence de rendez-vous à faire connaître où à honorer, Le Courrier est lui dorénavant confronté au risque de pages blanches. La contribution de nos fidèles annonceurs, pourtant vitale à la permanence de notre présence hebdomadaire, pourrait bien, elle-aussi s’amenuiser ! Nous aurions pu choisir, sous la pression des circonstances, d’entrer dans une période de somnolence; de nous soumettre à cette « trêve de vie » à laquelle nombre d’acteurs des milieux sociaux, économiques, culturels ou sportifs sont peu ou prou astreints, de bonne ou de mauvaise grâce. Mais ce n’est pas notre choix ! La nature même de notre rendez-vous hebdomadaire nous autorise – nous oblige même peut-être – à maintenir cette présence à laquelle nous n’avons jamais dérogé, nos prédécesseurs et nous, depuis maintenant 69 ans. Fidèles à notre vocation et à notre éthique journalistique, nous continuerons, malgré les difficultés, à remplir nos pages pour vous informer de l’actualité de ce coin de pays qui nous est cher et dont chacune et chacun d’entre vous formez le tissu social et humain. Forte du soutien d’un fidèle et scrupuleux réseau de correspondants qui observe et rapporte les petits et grands évènement qui ponctuent la chronique notre région, notre petite équipe sera là pour vous raconter le quotidien de ces moments qui nous mettent à distance les uns des autres mais qui, simultanément, nous attachent tous ensemble dans une campagne pour la vie. Nous serons là pour lire ou entendre vos messages et, si cela s’y prête, nous en faire l’écho. Chaque témoignage, chaque message de solidarité, chaque appel de détresse ou d’espoir sera pris en compte. Le Courrier est un petit journal, certes ! Mais comme nombre de ses lectrices et lecteurs, il a un grand cœur. Un cœur déterminé qu’il entend faire battre, aujourd’hui plus que jamais !