Le char de Cérès tiré par quatre bœufs était une image symbolique de la Fête des vignerons

Gérard Bourquenoud |. A chaque Fête des vignerons depuis 1889, Cérès, fille de Saturne, est considérée comme une divinité dans les cortèges et spectacles de cette grandiose manifestation nationale unique au monde. Son culte est non seulement lié à la fertilité de la terre, mais c’est encore Cèrès qui, il y a plusieurs siècles, apprit aux hommes l’art de cultiver, de semer, de récolter le blé et d’en faire du pain, comme le précise la devise bénédictine «Ora et labora» de 1647 de la Confrérie des Vignerons, qui veut dire «prier et travailler.» Les quatre bœufs qui emmenaient le char de Cérès, la déesse des moissons et de l’agriculture, avaient été élevés aux Etablissements de la plaine de l’Orbe, puis «éduqués et formés» par deux paysans du Mont-Pèlerin, Genton et Mouron, qui leur ont appris à marcher au pas pendant 28 semaines. Pour Genton, la responsabilité des bœufs de la Fête était une tradition familiale datant de 1889. Son oncle labourait encore avec ceux de l’édition 1955. Le 16 août 1977, Genton conduisait les glorieux bovidés à Châtillens où ils furent misés sous les applaudissements des acheteurs et bon nombre d’éleveurs. Ce char de Cérès tiré par quatre bœufs est demeuré une image authentique, pour ne pas dire symbolique de la Fête des vignerons 1999 qui, comme celles de 1927, 1955 et 1977, est restée ancrée dans la mémoire de tous les spectateurs. La prochaine fête ne sera, malheureusement, pas honorée de la présence de Cérès. Hélas! Evolution de la culture oblige, même si la déception risque d’être profonde.