Personnalité: rencontre avec une artiste de notre district
Pierre Jeanneret | Fanny Michel est une jeune quadragénaire, mère de deux adolescents, qui vit à Lutry. Elle a d’abord suivi une formation d’infirmière en soins généraux, avant de se spécialiser en art-thérapie, qu’elle pratique dans le département de psychiatrie du CHUV, à Cery. De quoi s’agit-il exactement? Fanny s’occupe d’un atelier mobile qui se déplace dans les unités de soins aigus. Celui-ci donne aux personnes l’occasion de se plonger dans la création. En créant, on se réinvente, on va découvrir de nouvelles ressources. Certains ateliers se font en groupe: ainsi, en 2016, il y a eu la réalisation en commun d’une peinture de 24 mètres! L’art-thérapeute établit un contact étroit avec les patien-
t-e-s, différent du rapport strictement médical. Hors du domaine professionnel, Fanny Michel pratique la création artistique depuis son enfance. Elle a fait les Arts appliqués à Vevey, puis a suivi une formation dans un atelier privé à Yverdon, la ville où elle est née.
Parlons d’abord de ses peintures à l’acrylique. Sa dernière exposition, à Villeneuve, montrait de nombreux pylônes électriques à haute tension, sur des fonds de nuages. Ce thème nous a intrigués. L’artiste s’en explique: «Quand je regardais le ciel, ces pylônes polluaient mon champ visuel». Mais en même temps, ils sont utiles à la société… Fanny Michel a donc décidé de les accepter et de les intégrer dans sa peinture, en leur donnant une signification différente, poétique, pour qu’ils deviennent autre chose que ce qu’elle nomme des «objets indésirables». Elle détourne ainsi la technique contemporaine dans ce qu’elle peut avoir d’envahissant, pour mieux la supporter. La démarche est intéressante. L’artiste fabrique aussi des têtes en papier mâché, dont émergent des branches, des formes qui pourraient signifier la matérialisation des pensées, des rêves, des fantasmes. Voilà donc un travail créateur varié, original et porteur de sens.